Pluies en décembre au Burkina : « Ce n’est pas un phénomène extraordinaire »
Sessi Kingbé, prévisionniste appelle à suivre les informations de l'ANAM pour prendre des précautions en cas de perturbations météorologiques. (Photo Studio Yafa).

Pluies en décembre au Burkina : « Ce n’est pas un phénomène extraordinaire »

À la mi-décembre, un couvert nuageux a enveloppé le territoire burkinabè, s’accompagnant par endroits de précipitations. Bien que surprenante pour certains, cette situation météorologique n’a rien d’exceptionnel. Sessi Kingbé, prévisionniste à l’Agence nationale de la météorologie du Burkina Faso (ANAM) en explique les causes.

Il y a quelques jours, nous avons constaté que le temps s’est quelque peu assombri avec même quelques pluies. Qu’est-ce qui est à l’origine ?

Effectivement du 13 jusqu’aux 16 ou 17 décembre, on a constaté effectivement une importante couverture nuageuse sur une bonne partie du territoire, occasionnant ainsi des pluies ou des gouttes de pluie par endroit et principalement sur la moitié ouest du pays. On a pu enregistrer jusqu’à 16 millimètres de pluie sur la ville de Gaoua et aussi des pluies sur certaines régions comme le Sourou, le Nando, le Bankuy, le Djôrô et les Tannounia. Donc, nos observations également ont montré une remontée des vents de mousson sur une bonne partie du territoire et quand ces vents sont présents, il y a la possibilité d’événements pluvieux sur le territoire.

Image satellitaire de l’ANAM à la date du 16 décembre montrant les différentes perturbations en Afrique de l’Ouest. Photo: Studio Yafa.

Est-ce que ce sont des phénomènes ponctuels ou habituels ?

Ce n’est pas un phénomène extraordinaire parce que même dans les années antérieures, on a aussi observé des situations pareilles. En réalité, c’est juste dû à une perturbation extratropicale, c’est-à-dire des perturbations provenant des régions tempérées comme l’Algérie, l’Italie, etc. et qui, dans leur évolution sur nos latitudes, ont créé ce que vous avez vu en traversant le Sahara, pour se retrouver au Mali et au Burkina Faso. La zone tempérée est une zone dont les caractéristiques climatiques sont différentes de ce qu’on a ici. Nous sommes dans la zone tropicale. Dans la zone tempérée, le climat est un peu frais, alors que dans la zone tropicale, le climat est un peu chaud, humide.

Est-ce lié aux changements climatiques ?

Non, ce n’est pas un phénomène aussi extraordinaire qu’on peut associer aux changements climatiques.

Vous dites que cela peut se reproduire, est-ce qu’on peut s’attendre encore à ça en ce même mois de décembre ou en janvier 2026 ?

Il y a une possibilité vraiment. Puisque souvent, c’est en ces périodes-là que ces perturbations extratropicales se produisent. Voilà pourquoi je conseille de suivre nos prévisions. Nous faisons des prévisions tous les 10 jours. Cela va leur donner une longueur d’avance sur le phénomène et leur permettre de se mettre à l’abri.

Entrée de l’un des bâtiments de l’ANAM. Photo: Studio Yafa.

Entre temps, on a constaté que pendant cette période, il faisait frais puis soudainement, il faisait chaud. Parce qu’on se dit qu’en décembre, c’est le froid. Est-ce lié ?

Le changement de temps qu’on a constaté est tout simplement lié aussi à la remontée de la mousson. C’est vrai qu’en début de mois, il faisait un peu frais. Après, on a basculé un peu. Mais c’est simplement parce que les vents de mousson sont remontés sur une bonne partie du pays. Et qui parle de vents de mousson, c’est des vents chauds et humides. Et aussi, quand les vents remontent comme ça, ça crée une masse nuageuse. Ce qui nous amène à assister à un temps tellement chargé de nuages, alors que c’est le nuage qui joue un rôle d’effet de serre. Il capture un peu l’énergie ou la chaleur dans nos environnements. Ce qui a fait qu’on a constaté un peu la hausse des températures.

Quelles peuvent être les conséquences de ces perturbations ?

C’est un phénomène qui est déjà passé, certes. Mais peut-être pour les jours à venir, si cela doit se reproduire, ce que nous pouvons produire comme conseil, nous invitons la population, en particulier celles rurales, à mettre à l’abri les récoltes qui peuvent être affectées par ces phénomènes pluvieux parce que c’est le moment où les gens cherchent les récoltes. Nous invitons aussi la population à suivre nos prévisions pour être informés à l’avance et se mettre à l’abri. On a des chaînes WhatsApp et Facebook pour cela.

Entretien réalisé par Boukari Ouédraogo