Infrastructures sportives : une gestion chaotique débattue en terrain neutre
les invités ont regretté l'absence du ministère des sports sur le plateau

Infrastructures sportives : une gestion chaotique débattue en terrain neutre

Les invités de Ya’Débat de cette semaine regrettent la dégradation avancée et continue des infrastructures sportives au Burkina Faso. Pour eux, cela décourage les sportifs et influe négativement sur leurs performances. Pendant que certains pointent un doigt accusateur sur le ministère des sports, d’autres accusent les praticiens de manquer de culture du bien commun.

A l’entame de Ya’Débat de cette semaine, le modérateur Souleymane Koanda fait cette précision : le ministère des sports invité à prendre part au débat a décliné. Il était pourtant attendu par les invités. Un d’entre eux le dira plus tard dans les échanges : « C’est un constat flagrant qu’il y a un désintéressement, une négligence, voire un laxisme dans l’approche au niveau des infrastructures sportives ». 

Dans le cours du débat, Alain Traoré, entraineur de basket établit un diagnostic peu flatteur de la pratique de la balle au panier dans la seule ville de Ouagadougou. Il y a « 75 à 80 terrains de baskets dans la ville de Ouagadougou. Seulement 3 sont aux normes pour la pratique du sport, c’est-à-dire en bon état (…) Aucun terrain de basket au Burkina ne répond aux normes internationales (…) On se débrouille avec ce qu’on a », dépeint-il. Un constat implacable partagé par les autres invités, avec quelques nuances en fonction du sport.

Haïbata Nyampa, membre du bureau exécutif de la fédération de football précise qu’il ne faut pas forcément beaucoup de moyens pour jouer au football. Mais pour le football professionnel, c’est une autre paire de manche. « Les terrains qui sont aux normes, ce n’est pas beaucoup non plus. Le seul stade qui peut recevoir un match international, pour le moment, c’est le seul stade du 4 aout», dit-elle. L’ancienne footballeuse précise par ailleurs que les différents terrains érigés dans les régions à l’occasion des fêtes de l’indépendance sont délaissés après les festivités. Son constat est donc sans appel : ce sont « des investissements qui ne sont pas rentables ».

Le Burkina Faso est champion d’Afrique en flooball et mieux, médaillé d’argent aux jeux mondiaux d’hivers en Autriche. Paradoxalement révèle Damiba, entraineur de flooball, le pays n’a pas de terrain d’entrainement hormis celui de son club. « On n’a pas de terrain. Si on est amené à jouer des compétitions internationales, c’est la croix et la bannière », soupire le professeur d’éducation physique et sportive.

Détournement de terrain…

Les invités regrettent aussi que les rares infrastructures qui sont construites soient détournées de leurs premiers objectifs. Les cas sont légion. Alain Traoré cite le palais des sports de Ouaga 2000. « Il n’est ouvert aux pratiquants. Il faudra changer de nom, et qu’on mette palais de congrès, des meetings, ou de djandjoba », déclare l’entraineur, comme par dépit.

Haïbata Nyampa enfonce le clou en partant des terrains de football dans les quartiers. « Un terrain conçu pour jouer au football ne doit pas se transformer en maquis les soirs. Le lendemain ce sont des capsules qui peuvent blesser les pratiquants », prévient-elle.
Les critiques fusent de partout. L’animateur du débat renvoie les acteurs à leurs responsabilités. Les clubs ne doivent-ils pas aussi s’investir dans la construction et la gestion des infrastructures sportives ? lance-t-il. Alain Traoré botte en touche. «Ce n’est pas du rôle des clubs et des fédérations. C’est le ministère qui doit faire cela », réplique l’invité. L’animateur lui rappelle que certains clubs sont dans cette dynamique et que les infrastructures sont mieux gérées. « Ça dépend », tempère Alain Traoré qui précise que pour le sport roi (le football), la situation est plus reluisante qu’au basket ball.

Les invités de Ya’Débat s’accordent pour reconnaitre que la qualité des infrastructures sportives influe sur le rendement des athlètes. L’actualité est convoquée : Hugues Fabrice Zango, record mondial du triple saut en salle. S’il était au Burkina, dit Alain Traoré « (…) avec ces mêmes infrastructures qu’on décrie, allait-il être champion du monde ? Ce n’est pas possible », parie l’invité.

L’intégralité du débat est à suivre ce samedi 23 janvier à partir de 10h sur le réseau de nos radios partenaires.