« Mon frère, ce militaire, ce héros »©SIA KAMBOU / AFP
Un soldat burkinabè à Ouagadougou en septembre 2015.

« Mon frère, ce militaire, ce héros »

A Ouaga, la vie continue mais la tension monte (4/5). Rencontre avec la famille d’un militaire aujourd’hui disparu.

La gorge nouée. La voix à peine audible et le visage triste, Aline, 24 ans, marque un silence lourd quand on évoque le décès de son frère soldat. « Nous avons vécu des morts, mais pas comme cette tragédie, raconte la jeune femme. Blaise a appelé notre mère et notre grande sœur. Il leur disait que tout allait bien et qu’il allait rentrer dès qu’il finirait sa mission… Quelques heures après, la triste nouvelle est tombée ». Aline a du quitter son village natal pour désormais habiter dans la maison de Blaise, dans une cours commune au quartier Patte d’oie.

Depuis cette tragédie, elle n’est plus la même. Auparavant nonchalante – dit-elle, sourire en coin – la jeune fille a l’allure svelte s’est forgée un caractère : le courage. Elle se dit désormais déterminée à réserver une vie pleine d’espoir pour Grâce, la fille de Blaise. « Grâce va réussir. J’en ai la conviction », assure Aline qui vient de soutenir avec brio sa Licence en Droit. « Le Droit, c’est d’ailleurs une volonté de Blaise. C’est lui qui m’a beaucoup encouragé pour cette filière », se rappelle-t-elle.

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Ses weekends sont désormais consacrés à Grâce. Glacier, parcs et cinéma sont ses passe-temps favoris. « Grâce adore la glace et les dessins animés », dit-elle enjouée. Puis un long silence : la petite réclame souvent un père. « Je lui dis que c’est moi son papa », répond Aline qui espère pouvoir lui raconter comment son père a quitté ce monde. Il n’était pas qu’un papa. Il était « un militaire, un héros ». « Je lui raconterai un jour qu’il a été un brave, un soldat mort en défendant son pays », soutient Aline. Avec fierté.

Basseratou Kindo