Kongoussi : le calvaire des personnes déplacées internes confrontées aux pluies©Studio Yafa
Des sacs sortis des tentes, Kongoussi août 2022

Kongoussi : le calvaire des personnes déplacées internes confrontées aux pluies

La saison pluvieuse au Burkina Faso constitue un casse-tête pour les personnes déplacées internes de Kongoussi. Chaque pluie apporte son lot de chagrins.

Il est 7 heures sur le site de personnes déplacées du quartier Loulouka, situé à la sortie de la ville de Kongoussi. Tôt ce matin, pendant que des chérubins s’amusent aux alentours du site non clôturé, les éclats de rires et cris sont souvent noyés par le bêlement des moutons et des chèvres.

De loin, l’on peut constater le désordre qui règne. Des bagages, ustensiles de cuisine, des vêtements dans des sacs de riz ou des plastiques communément appelé « douan yan ladè ». etc. sont entassés devant les tentes où trainent certains vêtements tachetés de boue. L’on peut parfois tomber sur une cuillère ou une louche embourbée.

Du matériel emporté

La veille, une pluie torrentielle est tombée sur la ville. Le désarroi s’installe ainsi dans le site puisque, les bâches sont envahies par les eaux de pluies. Ce matin, des hommes réparent des bâches endommagées par le vent et la pluie. Certaines femmes lavent des habits et des nattes recouverts de boues. Assète Ouermi, déplacée interne vivant dans ce site a perdu une partie de ses effets.

« Les fortes eaux ont envahi nos tentes. Les habits, les vivres et même des ustensiles de cuisine ont été emportés », témoigne Assèta Ouermi. Ses efforts pour éviter que l’eau envahisse la tente sont restés vains, ajoute-t-elle, députée : « J’ai fait sortir ce qui restait dans la tente afin de colmater le soubassement avec du banco. J’aurais voulu le faire avec du ciment mais les moyens nous font défaut ».

Pour prévenir ces dégâts, ces personnes en situation de mobilité suite aux attaques terroristes, ont érigé des cordons pierreux pour faire barrage aux eaux de pluie. Mais les pluies sont trop fortes.  «Aucun tas de terre aux alentours du site n’a été épargné. Nous les avons tous raclé afin d’ériger des barrières contre l’eau. Mais l’eau était tellement forte qu’il était difficile de l’arrêter», déplore Issouf Kané.

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Autre lieu, même réalité. Au secteur 2, quartier Bolga à l’Est de Kongoussi à environs deux km de là, les eaux ont formé des tas de boues. Il faut être prudent pour éviter une glissade. « Tout le site a été inondé », confirme celui qui nous sert de guide.

De l’intérieur de certaines tentes usagers, l’on peut apercevoir le soleil brillé. Quelques vêtements mouillés sont suspendus à une corde.

Ici également, chaque fois que la pluie se prépare, c’est la panique chez les personnes déplacées. « C’est vrai que cette pluie a été très forte mais à chaque fois qu’une pluie tombe, nous restons debout avec les enfants au dos », raconte toute affligée Oumou Gorgo. Ses propos sont soutenus par Lassané Kinda, également locataire du site : « On a perdu une bonne partie des vivres et des habits qu’on avait. La plupart des tentes ne sont plus en bon état. A propos nous demandons à l’État de venir à notre secours». Hormis les dégâts matériels, aucune perte en vie humaine n’est à déplorer.

Zoewend KONSIMBO

Correspondant