Covid-19 au Burkina : ils boivent dans des maquis clandestins
Des Ouagalais continuent de fréquenter les maquis malgré l'interdiction

Covid-19 au Burkina : ils boivent dans des maquis clandestins

Certains tenanciers de bars ne respectent pas l’arrêté d’interdiction d’ouverture des maquis pour faire barrière à l’épidémie de la Covid-19. D’autres, pour éviter de se faire prendre par la police ont ouvert, en cachette, leurs maquis fréquentés par des habitués.

Difficile de croire que cette cours située au quartier Patte d’oie  de Ouagadougou sert de bar. Le long d’un pan du mur, deux bouchers installés proposent l’un de la viande de porc et l’autre du mouton. Lorsque le client passe la commande et veut un endroit pour s’asseoir, un jeune garçon contourne le mur, fait entrer le client par une autre porte dans l’arrière cours du maquis. Interdit de garer sa moto dehors pour ne pas éveiller les soupçons.

A l’intérieur un dispositif de lavage des mains est installé. Une vingtaine de personnes sont à l’intérieur mais l’exiguïté du domaine ne permet pas le respect de la distanciation sociale d’au moins un mètre. Les clients sont assis plutôt sur des cassiers vides. Une jeune serveuse explique : « On avait ouvert dehors. Mais la police est venue ramassée toutes les chaises  ». Selon la jeune fille, le maquis a rouvert presque par contrainte. «Avec les bouchers dehors, les gens viennent acheter de la viande et ils cherchent un endroit pour s’asseoir. Ils ont commencé à venir un à un. Mais après, ils ont commencé à venir par groupes », raconte-t-elle.

Au quartier Tanghin de Ouagadougou, un autre maquis clandestin permet à certains clients de manger du « pouré » (estomac de mouton ou de bœuf) et de la langue de bœuf. Impossible d’imaginer l’existence d’un maquis. Pas de musique. Toutes les motos garées à l’intérieur alors que le portail est fermé. Là-bas également la distanciation sociale n’est pas respectée. Inoussa, nom d’emprunt, accompagné de quelques amis dans ce maquis clandestin dit ne pas croire en l’existence de la Covid-19 : « La maladie-là, est ce que c’est vrai ?, lance-t-il avec humour mais aussi sur un ton provocateur avant d’ajouter, on ne peut pas s’asseoir dans les restaurants. Ici au moins, tu manges ton « pouré » et avec cette chaleur, tu as besoin d’une bonne bière ».

L’un des gérants du maquis reconnaît que ces regroupements peuvent être source de contamination. Mais, selon lui, le besoin d’argent explique aussi le fonctionnement de ce maquis clandestin malgré le risque de se faire prendre par la police en cas de contrôle.