Burkina : « J’ai arrêté de cultiver le coton à cause des dettes »©Ph. Sidwaya
Les participants reconnaissent la nécessité de transformer le coton sur place

Burkina : « J’ai arrêté de cultiver le coton à cause des dettes »

Depuis 2018, le Burkina Faso a perdu sa place de premier producteur de coton en Afrique. Selon les participants à l’émission Ya Débat, les conditions climatiques, le terrorisme, les attaques de parasites expliquent entre autres, la baisse de la production. Les acteurs de la filière préconisent une réorientation du secteur.

Jeune agriculteur dans la région de la boucle du Mouhoun, Souleymane Ouédraogo gagnait bien sa vie grâce à la culture du coton. Mais en 2015, du fait des conditions climatiques, sa production chute fortement. Incapable de rembourser ses dettes, il dit avoir vendu ses bœufs pour payer ses créanciers. Après cette mésaventure, Souleymane Ouédraogo renonce à cultiver le coton. En plus des questions climatiques, il remet en cause la qualité des engrais. « J’ai arrêté de cultiver le coton (…) Les intrants sont de mauvaises qualités. Par exemple, il y a une année, on a pris des insecticides pour pulvériser le coton mais les insectes ne mourraient pas . J’avais des dettes en j’ai vendu mes boeufs pour les rembourser», s’indigne Souleymane. Il dénonce également le manque de transparence dans la fixation du prix du kilogramme du coton.

En plus des questions climatiques et de la qualité des intrants, les attaques terroristes au Burkina Faso ont eu un impact sur la production selon Mahamadi Kinda, chef de département des reformes et des relations extérieurs du secrétariat permanent du coton au ministère en charge du commerce. « Le terrorisme dans la zone l’Est a fait perdre plus de 30% de la production en coton », indique avec regret Mahamadi Kinda. Il reconnaît que les problèmes de rendement n’encouragent pas les producteurs de coton.

Pour le journaliste Inoussa Maïga, co-fondateur de la chaîne Agribusiness Tv, certains producteurs se sont engagés dans la culture du coton par obligation plutôt que par nécessité. « Si on observe dans la dynamique, il y a beaucoup de producteurs qui se lançaient dans le coton parce que c’était le seul moyen pour avoir des intrants pour produire le maïs.  On ne peut pas tirer bénéfice du coton avec un champ de 2 à 3 hectares. Ceux qui en tirent bénéfice sont ceux qui ont des centaines d’hectares de terrain », estime le journaliste.

« Les Burkinabè sont vexés parce qu’ils ne sont plus premiers producteurs alors que je ne vois pas ce que cela nous a rapporté au-delà des chiffres. Je préfère un pays qui produit 1000 tonnes et qui en transforme 900, plutôt qu’un pays qui produit un million de tonnes et qui est incapable de transformer 50 tonnes », affirme Inoussa Maïga.

Les participants reconnaissent la nécessité de réorienter la filière coton en mettant l’accent sur le coton biologique pour répondre à la demande internationale et la transformation du coton sur place.
L’émission Ya’Débat est diffusée tous les samedis à partir de 10 heures sur l’ensemble des radios partenaires.