Elections au Burkina: relever le défi sécuritaire©Le Pays
La sécurité est un défi à relever dans un contexte securitaire

Elections au Burkina: relever le défi sécuritaire

Le bilan des attaques terroristes au Burkina Faso est alarmant: près de mille morts, plus d’un million de déplacés internes, plus de 2300 écoles fermées depuis le début des attaques terroristes au Burkina Faso en 2015. Malgré la dégradation du contexte sécuritaire les Burkinabè iront aux urnes le 22 novembre 2020 pour les élections législatives et présidentielles entre crainte et espoir.

Lompo Yenlamba, étudiant en lettres modernes à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou se dit frustrer lorsqu’il décrit la situation sécuritaire au Burkina Faso. Son village Koala, situé dans la région de l’Est, est particulièrement marqué depuis le début des attaques terroristes: « Les élèves ne partent plus à l’école. Les enseignants ont fui. Que ce soit au CEG (ndlr. collège d’enseignement général) ou à l’école primaire, il n’y a aucun enseignant. (…) La population n’a plus la quiétude parce que la nuit quand elle dort, elle se demande si elle va se réveiller en bonne santé. Pour rejoindre un autre village, c’est la peur qui habite les commerçants », explique avec indignation Lompo.

Les élections du 22 novembre 2020 interviennent dans ce contexte sécuritaire précaire reconnaît Simon Pierre Doamba, chargé d’étude au Centre pour la gouvernance démocratique. Il dit craindre les perturbations pendant la campagne électorale qui débute le 31 octobre 2020. « C’est un contexte difficile où les forces de défenses sont déjà mobilisées pour lutter contre le terrorisme, ils doivent encore mobiliser pour sécuriser les votes », commente Simon Pierre Doamba. En effet, trois élus locaux, dont le député-maire de Djibo (Soum) Oumarou Dicko, ont été assassinés par des terroristes.

Le sujet des volontaires et des koglweogo

Malgré la présence des forces françaises Barkhane, la multiplication des attaques a conduit l’Assemblée nationale du Burkina Faso a voté, à l’unanimité, une loi instituant le recrutement de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Il s’agit de jeunes recrutés dans leurs localités sur la base de volontariat pour servir d’agents de renseignement. Les VDP sont accompagnés de groupes d’autodéfense dit Koglweogo. Cependant, la mise en place de cette structure ne fait pas l’unanimité.

« Il y a des pour et des contre, mais globalement, la situation est bonne. Elle est difficile, mais nous avons bon espoir de réussir dans ce combat », a soutenu le président Roch Marc Christian Kaboré dans une interview exclusive accordée à Radio France internationale (RFI). Pour Simon Pierre Doamba, la question de VDP et des Koglweogos sera relégués au second plan de la campagne électoral.

« Pour ceux qui se disent qu’ils veulent aborder le pouvoir, ils ne vont pas aborder la question. Vous n’allez pas voir une différence d’opinion sur ces éléments entre majorité et opposition. Personne ne veut les toucher », assure Doamba. Des groupes de parties politiques de l’opposition avaient appelé au report. Mais pour le chercheur « la non-tenu des élections pouvait provoquer une autre crise ». Par contre, selon un rapport du Clingendael Institue, un groupe de réflexion de La Haye, « Ces groupes ne sont pas à l’abri de la politique partisane et peuvent facilement se transformer en milices incontrôlables ». Les opposants à l’actuel chef de l’Etat Roch Kaboré l’accusent de passivité sur la gestion de la crise sécuritaire.

Malgré la crise sécuritaire, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) se dit prête à tenir capable d’assurer l’organisation des deux scrutins. L’opposition politique burkinabè et la majorité était toutes unanimes sur la tenue de l’élection à bonne date. Le principal défi reste donc la sécurisation du territoire.