Crise de l’autorité au Burkina: « Il faut que la jeunesse fasse un serment de la valeur »
Les invités de Ya'Débat reconnaissent qu'il y a une crise de l'autorité au Burkina

Crise de l’autorité au Burkina: « Il faut que la jeunesse fasse un serment de la valeur »

Conflits de génération sur le plateau de Ya’Débat cette semaine. La crise de confiance entre les jeunes et l’autorité publique est imputable aux dirigeants qui ne se comportent pas en exemple pour la jeunesse, clame un jeune invité. Pour ses vis-à-vis dont un ministre, les jeunes doivent se remettre en cause, s’inspirer des bons exemples qui existent et faire un serment de la valeur.

Au Burkina Faso, des jeunes sont de plus en plus contestataires et exigeants. Ils bafouent les symboles de l’Etat, ne respectent pas les décisions des autorités publiques, laissant entrevoir une crise de confiance avec l’autorité. Ce constat établit par le modérateur du débat Souleymane Koanda n’est pas contredit par le plus jeune du plateau, Loé Konaté, membre du mouvement estudiantin deux heures pour Kamita. « Il y a la responsabilité collective et celle la classe dirigeante responsable de la marche de la société. La jeunesse est le fruit de notre société, de notre modèle et de nos choix », campe le jeune invité.

Avis partagé par le chef coutumier et socio-anthropologue Issaka Sourwema. Une jeunesse contestataire, rien de nouveau sous le soleil, explique-t-il. « La jeunesse est caractérisée essentiellement par son impétuosité et par son dynamisme ». Mais il relève un hic entre les jeunesses des différentes générations. « Ce qu’il faut regretter de nos jours, comparativement à notre génération, c’est que ce caractère dynamique et contestataire de la jeunesse ne s’inscrit pas dans la logique d’une vision stratégique de changement qualitatif. C’est un peu de la contestation pour la contestation », se désole-t-il.

Le premier tour de table semble être celui des accords. Le troisième invité, Ousséni Tamboura, ministre de la communication, porte-parole du gouvernement abonde dans le même sens que ses prédécesseurs.

L’exemple : par qui ?

Qui doit donner le ton pour un changement de comportement ? Là, les invités de la semaine ne s’accordent pas. Loé Konaté a une conviction : il revient à l’autorité d’imprimer la marche à suivre. « De toute l’histoire de l’humanité, le peuple, le citoyen lambda est à l’image de ce que ses élites sont », avance l’invité. Le plateau ne tient pas tranquille, les deux invités veulent la parole. « L’autorité publique c’est vous, c’est moi, c’est nous. En même temps que l’on critique l’autorité, en même temps il faut avoir un comportement exemplaire. C’est vrai que les ainés ne donnent pas le bon exemple, mais est-ce une raison pour ne pas donner le bon exemple ?», défend le chef coutumier.

Pour lui, le déterminant essentiel, c’est le peuple qui produit des gens qui le représentent. Dans le même sens, le ministre Tamboura soutient qu’il faut imiter les bons exemples parmi les dirigeants : « Je n’imite pas de mauvais exemples. Il faut que la jeunesse fasse un serment de la valeur, de l’organisation. J’insiste. Qu’elle inspire le peuple ». Quand Souleymane Koanda en vient aux propositions pour renouer la confiance entre les jeunes et l’autorité publique, le plateau se divise encore plus. Loé Konaté estime qu’il n’est pas de son ressort de proposer une quelconque solution.

« Il ne m’appartient pas d’inciter ou de sensibiliser un jeune pour qu’il respecte l’autorité publique. Jamais. Ce qu’il m’appartient, c’est de faire en sorte que l’autorité soit responsable parce que les actes qu’elle pose forcent le jeune à le respecter ». « Vous avez quand même une part de responsabilité. On a manifesté quand on était à l’école et à l’université, on n’a jamais pris de machettes ou de couteaux », lance taquin, le ministre qui au passage, regrette que Loé Konaté n’ait pas eu de solutions à proposer. Son vis-à-vis veut se débiner.

« Je n’ai pas dit ça. Je dis qu’il n’appartient pas à moi de donner des solutions », dit-il, mais c’est la même chose lui répond le porte-parole du gouvernement. Comme pour couper la poire en deux, le chef coutumier et socio-anthropologue Issaka Sourwema intervient : « Je suis d’accord avec ce que le jeune frère a dit(…) au niveau de l’autorité publique, des efforts doivent être faits. Dans le principe, la jeunesse a raison, peut-être qu’elle se bat mal, mais on comprend ses préoccupations ».

L’intégralité du débat sera été diffusée ce samedi 20 mars sur le réseau de nos radios partenaires