Diébougou: des jeunes taillent une identité architecturale
Debier Somé en pleine activité

Diébougou: des jeunes taillent une identité architecturale

Dans les carrières de pierres taillées de Diébougou dans la Bougouriba, des jeunes croisent le fer avec la latérite. Des fosses, ils taillent et ressortent des briques qui font la singularité des constructions dans les localités de Gaoua à Dano en passant par Batié et dans la région du Sud-Ouest.

« Quand je quitte la maison le matin, on me demande où je vais, je dis je vais au bureau et c’est ici mon bureau », nous lance, sourire aux lèvres Somé Debier, 25 ans. Le bureau dont parle Somé est situé sur une colline, dans des trous. Des excavations parsèment tout le site. Par petit groupe, des ouvriers éventrent le sol caillouteux pour sortir des briques en forme rectangulaires. Les dimensions de ces briques varient en fonction des commandes et de la bourse du client, 175 à 200 F CFA l’unité. Les acheteurs viennent de Gaoua, de Bobo, de Ouaga ou de Diébougou. 

Torse nu, le corps couvert de poussière rouge, Somé Debier donne forme à un bloc de latérite nouvellement sorti des trous, à l’aide d’une pioche. Il y a maintenant 4 ans qu’il a échoué sur ce site. Comme un héritage ou relais transmis par ses frères ainés. « Quand j’étais petit, je voyais mes grands frères venir ici chercher l’argent. Quand je suis devenu majeur, j’ai aussi commencé à venir pour me débrouiller », explique le jeune tailleur de pierres.

Plus ancien que lui, Kounssieurma Dabiré est tailleur de briques depuis 17 ans. Kounssieurma dit maitriser tous les rouages du métier après plus d’une décennie d’activité. « Pour tailler les briques, il faut bien identifier le lieu, ramasser le sable et creuser, trouver la bonne partie, avant de piocher pour faire sortir les parties où on doit extraire les bonne briques (…) Pour creuser il faut regarder la qualité de la roche. Quand la qualité n’est pas bonne pendant la saison pluvieuse les briques sont mouillées», explique-t-il.

Un support avec des risques

 

Debier Somé dit avoir réussi à construire sa maison dont il parle avec fierté grâce à son métier de tailleur de pierres. Creuser dans la latérite sous un soleil ardent n’est pas une sinécure mais Debier et ses camarades ne s’en plaignent pas pour autant. Par contre, ils affirment être prêts à saisir d’autres opportunités plus lucratives. « Je suis là, mais quand il y a l’or à quelque part, je vais chercher l’or, après je reviens », dit-il.

Kounssieurma Dabiré dit déserter momentanément la carrière en saison pluvieuse. « J’ai un champ, pendant la saison pluvieuse je vais au champ. Quand les soirs je ne vais pas au champ, je viens travailler ici», note celui qui a 17 ans d’expérience. Il précise que le travail dans la carrière lui permet de financer ses travaux champêtres. « La vente des briques me permet d’acheter l’engrais et l’urée pour enrichir mon champ », poursuit-il.

Sur différents chantiers de construction dans la région du Sud-Ouest, les pierres taillées sont privilégiées. La cité des forces vives de la région construite à Gaoua lors de la fête de l’indépendance en 2017 se singularise par l’utilisation de ces pierres taillées, aussi appelées briques en latéritiques taillées.