Dédougou : « Sigi Te Mogo Son », nouveau souffle pour jeunes handicapés

Dédougou : « Sigi Te Mogo Son », nouveau souffle pour jeunes handicapés

A Dédougou à l’ouest du Burkina, un centre de formation professionnelle accueille exclusivement des jeunes vivant avec un handicap. Baptisé « Sigi Te Mogo Son », le centre permet à ses pensionnaires âgés de 15 à 25 ans de réussir leur insertion sociale par le travail.

Le Centre « Sigi Te Mogo Son » (l’inaction n’est pas une bonne chose, en langue dioula) de Dédougou est né de l’initiative des Sœurs de l’Annonciation de Bobo (SAB). Selon la sœur Marie Henriette Gniminou, une des fondatrices de l’établissement en 2017, la particularité des jeunes qui sont reçus au centre est que « ce sont des jeunes vivant avec un handicap. Eux tous. La plupart ce sont des sourds muets. Il y a également certains qui vivent avec un handicap moteur. Pour le moment, ne sont reçus que les jeunes vivants avec un handicap » précise la religieuse.

Parmi les premiers pensionnaires du centre : Véronique Sidibé. Atteinte de nanisme ou maladie de la petite taille, elle a pu suivre une scolarité au centre. « Après trois ans de formation, je suis aujourd’hui la monitrice et formatrice des sourdes-muettes en couture » dit-elle avec fierté. Pour la jeune dame qui dit bien apprécier son travail, « les sourds- muets aiment bien la formation, travaillent bien et apprennent vite ». Sœur Henriette est aussi de cet avis. « Pour reproduire les chaises et lits, c’est très facile pour eux. Dès lors qu’ils comprennent, c’est très facile. D’ailleurs, comme ce sont des sourds muets, il y a la concurrence entre eux. Quand nous avons des commandes, nous amenons le matériel de travail pour eux. Et tant qu’ils n’ont pas fini le travail, ils ne veulent même pas manger », raconte-t-elle.

Actuellement, le centre accueille 34 jeunes handicapés, âgés de 15 à 25 ans et les forme, pendant trois ans en couture, en tissage de chaises et de lits picots et en coiffure. En plus de cela, « nous leur donnons un peu de notion en cuisine pour les filles et en jardinage pour les garçons », explique sœur Henriette. Ces jeunes viennent de plusieurs régions du Burkina Faso.

Malgré les difficultés…

Prendre en charge et former des jeunes vivant avec un handicap ne se fait pas sans difficultés. La première est liée à la nature du handicap des apprenants eux-mêmes. « Lorsqu’ils arrivent au centre, pour cohabiter, ce n’est pas facile », indique sœur Henriette. En plus de cela, se pose la question de la restauration. « Ce que nous demandons généralement aux parents, c’est juste un sac de vivres de 6 tines, c’est-à-dire une tine par mois avec des condiments durant les 6 mois que dure la formation chaque année. Mais malheureusement, les gens n’amènent pas grand-chose », regrette la religieuse.

Après environ 4 années d’expérience dans la prise en charge et la formation des jeunes vivant avec un handicap, les sœurs de l’Annonciation de Bobo se réjouissent du travail accompli jusque-là. « Ça nous réjouit beaucoup de voir les jeunes avec un handicap qui seront à leur tour autonome. Ceux qui sont sortis ont reçu un kit d’installation. Et ils se débrouillent assez bien sur le terrain. Nous sommes allés dans les villages où ils sont installés pour la sensibilisation de la population afin qu’elles fassent confiance à la qualité du travail de ces jeunes », témoigne la directrice du centre.

Depuis sa création, le centre a déjà formé 45 apprenants dont 11 ont fait leur sortie l’année dernière et sont installés à leur propre compte. Certains d’entre eux ont reçu des kits d’installation de personnes généreuses.