Congé de maternité : « Six mois, c’est un luxe qu’on ne peut pas se payer »

Congé de maternité : « Six mois, c’est un luxe qu’on ne peut pas se payer »

Un débat houleux. Des idées qui s’entrechoquent. Cette semaine encore, c’était chaud sur le plateau de Ya’Débat. Alors que le collectif pour un congé de maternité paisible a lancé une pétition pour entre autres, offrir la possibilité aux femmes de prendre six mois de congé, des voix s’élèvent pour crier scandale. C’est trop, des entreprises ne voudront plus recruter les femmes, le Burkina ne peut se payer ce luxe, clament les opposants à ce projet. Les initiateurs de la pétition sont pourtant formels, le Burkina peut le faire.

Valérie Traoré est étudiante. Obtenir un travail, se marier et devenir mère sont des points inscrits sont dans ses projets. Par contre, la jeune fille dit être « farouchement » contre cette idée d’accorder six mois de congé de maternité aux femmes. Quand elle a eu vent de cette initiative, l’invitée dit avoir eu des migraines.

« Nous sommes dans un Etat très, très pauvre. On ne peut pas se permettre de se donner le luxe d’aller en congé pendant une demi-année. Dans un contexte de compétitivité, quelle entreprise ou société, va vouloir nous recruter nous femmes », se demande-t-elle. Le débat s’emballe. Salif Ackerman Ouédraogo est impatient. Il fait partie du collectif qui porte l’initiative. On ne se lève pas du jour au lendemain pour proposer un tel projet, dit-il.

« Le constat est venu du fait qu’accueillir un enfant est un évènement spécial pour une famille. Au bout de trois mois, la femme reprend le travail. Trois mois c’est encore un bébé tout petit. Il faut s’en occuper et travailler. On a trouvé que les trois mois sont assez justes et assez contraignants pour la femme », soutient Salif. Il précise que ce n’est pas parce qu’il est homme qu’il ne sait pas ce qui se passe.

Chef d’entreprise, Pélagie Coulibaly a une double position sur la question. En tant que patronne, elle est formelle. Accorder six mois à une employée, ce n’est pas tenable économiquement. « Au Burkina, pour le moment ce n’est pas possible économiquement(…) C’est un casse-tête pour trouver un remplaçant qualifié. C’est du temps et de l’argent perdu », insiste-t-elle. Mais en tant que femme et humainement, elle  reconnait que six mois de congés de maternité, c’est une bonne idée.

Pas des congés sabbatiques

Salif Ackerman Ouédraogo revient à la charge. Il tient à apporter des précisions. Il n’est pas question d’imposer la mesure. Les femmes auront le choix entre trois et six mois. Pour ce qui est des éventuels manques à gagner pour les entreprises, la question peut être discutée, des formules peuvent être trouvées.

En tout cas, pour Salif, les six mois ne sont pas des congés sabbatiques, mais pour que les enfants grandissent dans de bonnes conditions. Des pays l’ont fait, et le Burkina également peut le faire, défend-t-il. Il ajoute également que la pétition propose de faire passer le congé de paternité de 72h actuellement à un mois.

En tant que femme, Pélagie Coulibaly aimerait bien rester à la maison après l’accouchement pour s’occuper de son nouveau-né, jusqu’au sevrage. Mais, elle dit ne pas se faire d’illusions. « Le Burkina peine déjà à satisfaire les besoins primaires de sa population », va-t-il se permettre de voter une telle loi ? se demande-t-elle. La pétition est à 12 500 signatures sur 15 000 nécessaires pour qu’elle soit examinée par l’assemblée nationale.

L’intégralité de Ya’Débat sera diffusée ce 28 août dans Le Grand rendez-vous à 9h sur l’ensemble du réseau des radios partenaires de Studio Yafa