« C’est choquant d’entendre que le théâtre se meurt au Burkina »©ISSOUF SANOGO / AFP
Une représentation lors des Récréatrales le 26 octobre 2018 à Ouagadougou

« C’est choquant d’entendre que le théâtre se meurt au Burkina »

Ya’Débat de cette semaine était sur les planches pour parler de la redynamisation du théâtre auprès des jeunes. Les invités regrettent une faible médiatisation du théâtre, alors que selon eux, le secteur est des plus dynamiques du Burkina et dans la sous-région. Ils pointent par ailleurs un doigt accusateur sur l’Etat qui ne fait pas du secteur une priorité, malgré les enjeux pédagogiques, culturels et sociétaux.

Un désaccord groupé dès le début du débat. L’animateur Souleymane Koanda campe le décor. Il fait le constat que pour de nombreux jeunes, aller au théâtre est un fait rare. « Le théâtre se meurt et ne fait plus rêver les jeunes », enfonce-t-il. Le débat est déjà lancé et le plateau s’anime. La jeune actrice et dramaturge Eudoxie Gnoula prend le contre-pied de l’animateur.

Les espaces existent, il y a des scènes dynamiques qui donnent des formations et leur public est exclusivement jeune. « C’est assez choquant d’entendre que le théâtre se meurt au Burkina alors que c’est le domaine le plus dynamique actuellement au Burkina Faso », s’offusque l’invitée.

Justement un autre jeune, acteur du théâtre, Thierry Oueda s’aligne sur cette analyse. Formateur et metteur en scène, son espace, Théâtre soleil forme des jeunes au théâtre. Il revendique plus d’un millier d’enfants formés depuis 2015. Des jeunes pousses que lui et ses collaborateurs disent nourrir au biberon du théâtre. « Nous nous battons comme des beaux diables(…) Il y a un public qui va au théâtre, mais il y a aussi un public qui ne va pas au théâtre, et c’est à nous de conquérir ce public-là ».

Le théâtre est bien portant au Burkina, défend aussi le journaliste culturel Malick Saga. « Tous les jours j’échange avec des acteurs, il y a des scènes. Tous les jours ça joue dans les provinces. Mais on ne peut programmer le théâtre comme des concerts », poursuit le jeune journaliste.

Et pourtant…

Le constat de l’animateur est pourtant conforté par des internautes dont les commentaires sont lus pour agrémenter le débat. Pour l’essentiel, les internautes de Studio Yafa remarquent aussi que le secteur du théâtre accuse un coup de mou. Ce n’est plus aussi dynamique qu’avant.

Là, les avis sont partagés. Pour le jeune journaliste Malick Saga, Facebook pullulent d’experts en tout et finalement en rien. « On a des experts partout, il ne faut pas aborder un sujet, un thème qu’on ne maitrise pas. Sur Facebook, il y a du tout », soutient l’invité. Eudoxie Gnoula aussi dit ne pas être d’accord avec l’avis des internautes. « Ils ignorent ce dont ils parlent », note-t-elle.

Par contre, le metteur en scène Thierry est en phase avec les animateurs virtuels du débat. «Les internautes ont raison. C’est à nous de faire du théâtre un enjeu social et culturel(…) », reconnait-t-il. Par-là, il engage une autre problématique : l’engagement des politiques pour le théâtre. « C’est à l’Etat burkinabè de faire du théâtre un enjeu social, culturel et pédagogique. Ailleurs, le théâtre est subventionné », poursuit-il.

Les médias à la barre

Le théâtre se porte bien, seulement il souffre de sous médiatisation, diagnostiquent les invités. Le journaliste Malick Saga le reconnait. Ses confrères manquent de formation pour décortiquer une pièce de théâtre. Therry Oueda fait le même constat et va plus loin.

Pour faire savoir ce qu’ils font à travers des médias, il faut débourser des moyens importants. « Nous n’avons pas les moyens pour médiatiser nos actions. Ce n’est pas de notre faute. Combien de médias s’intéressent à ce que nous faisons dans les écoles ? Vous journalistes, vous êtes aussi responsables », accuse l’invité.

L’intégralité du débat sera diffusée ce 18 septembre 2021 à partir de 9 heures dans l’émission Le Grand Rendez, à Ouaga sur Radio Légende 94.4 fm et les autres stations partenaires.