Burkina :  regain d’intérêt pour les noms traditionnels
de plus en plus de jeunes burkinabè donne des noms traditionnels à leurs enfants

Burkina : regain d’intérêt pour les noms traditionnels

Donner un nom traditionnel à son enfant devient de plus en plus une tendance chez de nombreux jeunes couples burkinabè. Ils entendent par cette attribution du nom, prouver leur attachement aux valeurs culturelles et traditionnelles de leur terroir. 
 
Wendemi (Dieu seul sait, en langue mooré), Wenkouni (Dieudonné, en mooré), WendBarka (Dieu merci en mooré), Kankeletigui (honnêteté en dioula), Mousso Coura (nouvelle-femme en dioula) Kélétigui (maitre de la guerre en dioula), Paramanga (gaieté en gulmacema), Boama (l’amour en gulmacema), Wely( chanceux en fulfuldé), etc. sont des noms traditionnels qui avaient tendance à disparaitre. Mais de nos jours, des jeunes burkinabè atttribuent à leurs enfants des noms inspirés de leurs langues locales. ‘’ Ma fille s’appelle Mousso coura Djénéba Ouattara. Mousso Coura est son nom traditionnel. Je préfère d’ailleurs l’appeler par ce nom, qui veut dire en dioula- nouvelle femme- plutôt que Djénéba’’, explique Yasmine Ouattara, secrétaire-comptable. Elle se dit très attachée aux valeurs culturelles de son ethnie, -le bobo-dioula-.

De façon générale les noms traditionnels résument l’histoire de l’enfant ou parfois celle de ses parents selon le sociologue Zakaria Soulga. « Tout comme la nationalité rattache un individu à son pays, le prénom traditionnel traduit la fierté d’appartenir à une ethnie. Le nom donné à l’enfant en langue locale relate très souvent l’histoire de vie du couple ou la genèse de la venue de l’enfant’ », ajoute Zakaria Soulga. Le sociologue indique également que le prénom, au-delà de la symbolique, regorge une mine d’informations sur l’histoire et la personnalité de l’enfant.
 
‘’ C’est le fil conducteur entre l’enfant et ses origines’’, soutient Issouf Balima, promoteur culturel. Nouveau papa depuis trois mois, il a choisi d’appelé son fils Wendpouré (mooré) qui signifie en français, la part de Dieu. « Il a aussi un nom musulman, mais j’aime mieux le nom traditionnel car il est plein de sens et est intimement lié à une étape de ma vie’», dit-il.
 
‘’Wendemi (Dieu seul sait) est par exemple donné aux enfants qui ont perdu leur mère dès l’accouchement ou quelques jours après l’accouchement’’ explique le sociologue. ‘’Je ne connais malheureusement pas le sens de mon nom traditionnel, mais je sais qu’il est intimement lié à ma mère qui n’est plus de ce monde’’, Pawindkisgou Yvette Tapsoba, juriste-communicatrice. Elle se dit cependant fière de porter ce nom traditionnel- Pawindkisgou-.  ‘’S’il est vrai que les noms traditionnels suivent les enfants, les jeunes africains feraient mieux de donner des noms compréhensibles qu’ils peuvent expliquer à leur tour à ces enfants’’, conclut-elle sous forme d’interpellation.