Bibis laafi batû : un espace de dialogue constructif pour les jeunes
Sécurité, politique, religion, culture, rapport intergénérationnel le projet Bibiss Lafi Batu n'a éludé aucune question.

Bibis laafi batû : un espace de dialogue constructif pour les jeunes

Les jeunes du Burkina souhaitent entre autres une collaboration plus renforcée entre population et forces de défense et de sécurité. Ils l’ont dit à l’issue du projet Bibis laafi batû. La création d’emplois en faveur des jeunes des régions sous menace terroriste pourrait extirper les jeunes des groupes terroristes ont-t-ils par ailleurs recommandé lors du forum national des jeunes tenu ce 3 février à Ouagadougou. Plus de 200 jeunes issus de 7 régions du Burkina ont dialogué pendant six mois autour des questions relatives à la cohésion sociale et à la paix. Le projet Bibis laafi batû a été initié par l’ong interpeace en collaboration  avec la Fondation Hirondelle. 

Depuis novembre dernier, l’Ong Interpeace offre des espaces de dialogue à la jeunesse burkinabè autour des questions de paix et de cohésion sociale. Objectif : « engager le dialogue entre jeunes au niveau local et national sur les obstacles et les opportunités de paix et leurs points de vue ainsi que le rôle de la jeunesse dans la consolidation de la paix au Burkina » selon Cheick Faycal Traoré, Conseiller Politique et Plaidoyer de l’Ong Interpeace. Six mois durant, des jeunes des différentes régions ciblées par le projet ont dialogué sur des problèmes endogènes qui empêchent très souvent la cohésion sociale dans leurs localités.
 
L’un des axes du projet Bibis lafi batû toujours selon Faycal Traoré est de porter les préoccupations des jeunes dans les médias. La collaboration avec la Fondation Hirondelle à travers son projet Studio Yafa au Burkina Faso intervient dans ce sens. « On a eu 7 émissions radios qui ont été réalisées en 3 langues nationales et diffusées sur le réseaux de studio Yafa et trois débats publics entre jeunes et décideurs politiques » ,explique Faycal. Bibis laafi batû a finalement touché 9 provinces au lieu de 6 initialement. 360 jeunes ont profité des espaces de dialogues offerts par Interpeace à travers Bibis laafi batû.
 
Le ministre en charge de la jeunesse, Salfo Tiemtoré a souhaité que les jeunes venus des différentes provinces du Burkina pour cet atelier de restitution soient des relais des recommandations de Bibis laafi Batû auprès de leurs camarades.
 
Pour mettre en œuvre toutes ces recommandations, Interpeace a lancé un nouveau projet intitulé « Plaidoyer pour la Paix, amplifier la voix des jeunes ». Un projet qui va permettre de renforcer les capacités de plaidoyer et de leadership des jeunes.

Les principales recommandations à l’issue de Bibis laafi batû sur :
  • La Sécurité : les jeunes reconnaissent que le manque d’emploi est une porte ouverte à l’enrôlement des jeunes auprès des groupes terroristes. Les jeunes souhaitent une collaboration plus renforcée entre population et forces de défense et de sécurité. La création d’emplois en faveur des jeunes des régions sous menace terroriste pourrait extirper les jeunes des groupes terroristes ;
  • La religion : la religion ne doit pas être un facteur de division entre jeunes. La diversité religieuse doit être mise en contribution par les jeunes pour renforcer la cohésion sociale et la paix au Burkina Faso ;
  • La politique : les jeunes demandent aux chefs traditionnels et aux leaders religieux de se départir de la politique. Garants de la tradition et leaders d’opinions, ces derniers doivent user de leur statut pour réunir les jeunes de leurs communautés autour d’un idéal commun. Ils souhaitent que le statut de chefs coutumiers soit revalorisé ;
  • La culture : les jeunes sont convaincus que la parenté à plaisanterie est un élément fondamental dans la quête de la paix et de la cohésion sociale au Burkina. Exploitée judicieusement, la parenté à plaisanterie permettra aux jeunes d’éviter les conflits dans leurs communautés. Ce mécanisme traditionnel de résolution des conflits doit être revu et mis en exergue dans nos sociétés ;
  • Le Respect des aînés et la stigmatisation : la stigmatisation crée des frustrations et fragilise le tissu social. Les jeunes de la région du sahel appellent les décideurs politiques à adopter des mesures pour mettre fin à cette stigmatisation.