Coronavirus : vaine recherche de la chloroquine à Ouaga
Cinq cas de guérisons, dont le premier couple contaminé, ont été enregistrés au Burkina

Coronavirus : vaine recherche de la chloroquine à Ouaga

La chloroquine, un antipaludéen utilisé depuis de décennies, a fait l’objet d’essais cliniques encourageants sur un petit nombre de patients en Chine et en France comme possible traitement pour les malades du Covid-19. Depuis cette annonce des pharmacies de Ouaga sont assaillies par clients à la recherche de ce comprimé. La chloroquine n’est pourtant plus utilisée dans la prise en charge du paludisme depuis une dizaine d’années au Burkina.
 
 
Une longue file d’attente à l’intérieur de la pharmacie Talba au centre-ville de la capitale burkinabè. Dans les rangs  le jeune Adama qui est venu se procurer de la chloroquine. « Nous avons appris hier (jeudi- Ndlr) que la chloroquine soignait le coronavirus. Je n’ai pas la maladie, mais je préfère avoir le médicament à côté car on ne sait jamais » dit-il. « Il n’y a pas de chloroquine » lance la vendeuse de pharmacie. La file se disperse aussitôt. Cette ruée vers les pharmacies à la recherche de la chloroquine est-elle liée au coronavirus ? La vendeuse répond par l’affirmatif. ‘’ Cela fait une dizaine d’années que personne ne nous a demandé ce produit médical. Mais depuis hier, nous ne faisons que rappeler que le produit ne figure plus dans les rayons médicaux’’ explique-elle agacée.

Dans une autre pharmacie l’affluence est moyenne. Les clients sont là pour l’achat d’autres produits. De nouvelles dispositions sanitaires sont prises dans cette pharmacie depuis l’apparition des premiers cas de contamination  au Covid-19 au Burkina. Plus d’accès à l’intérieur de la pharmacie pour éviter tout contact entre clients et agents de vente. Les clients sont servis à travers une petite fenêtre. ‘’ Ne vous fatiguez à aller ailleurs voir dans une autre pharmacie. Vous n’allez pas trouver ce produit car il a été retiré depuis des années’’ explique un jeune homme, vendeur de pharmacie. 
 
 
  Des doutes 
 
Nombre d’experts ont appelé à la prudence en soulignant l’absence de données cliniques solides et publiques sur les effets de la chloroquine. Dr Moumine Niaoné joint au téléphone explique que les études ont montré des résultats préliminaires très intéressants dans la mesure où les patients mis sous chloroquine avaient une quantité de coronavirus moins importante que ceux qui n’avaient pas été mis sous chloroquine. Cependant il trouve cette ruée vers les pharmacies dangereuse car l’utilisation non contrôlée de la chloroquine est risquée avec des effets secondaires qui peuvent être graves. « En plus on ne sait pas encore, car on n’a pas assez de recul pour dire si le virus va développer des résistances ou s’il se comportera différemment devant une utilisation non contrôlée » précise-t-il. Il n’existe pas encore de traitement contre la maladie à coronavirus.