Burkina : « Les querelles de succession dans les chefferies sont normales»
Pour certains, la dépolitisation de la chefferie traditionnelle peut réduire les querelles de sucession

Burkina : « Les querelles de succession dans les chefferies sont normales»

A Fada N’Gourma, dans l’est du Burkina, la querelle de succession entre deux chefs traditionnels suscite des débats. La récupération politique et l’absence de critères de succession influencent souvent ces types de rivalités qui peuvent virer au drame selon les invités de l’émission Ya’Débat. Pour sortir de ce cycle de conflits, ils proposent la création d’un statut de la chefferie traditionnelle et la mise en place de mécanisme de succession.

« Les querelles de succession font partie des fondements même de la chefferie traditionnelle. Ces conflits ne devraient pas être une surprise », explique Thomas d’Aquin Ouédraogo, prince de Ouagadougou. A l’appui de sa thèse, Il cite des exemples en Afrique du Sud avec Chaka Zulu, au Mali avec Soundjata Keita. C’est aussi le cas également de la création du royaume du Yatenga au Burkina Faso né d’un conflit entre deux princes de Ouagadougou. « Quand vous prenez l’histoire du faux départ du Mogho Naba, c’est parce qu’il veut aller conquérir des terres qu’un de ses frères occupent», rappelle le prince.

Cependant, Thomas d’Aquin Ouédraogo déplore la récupération politique qui prévaut de nos jours: « Ce qui est désolant, avant, ces types de conflit avaient pour but de servir la culture ou la tradition. Par contre aujourd’hui, c’est pour servir des calendriers cachés : la politique ».
Pour l’analyste politique Bernard Bougma, ces querelles de succession sont une sorte de compétition politique. « Quand on parle de succession, on parle de compétition c’est pour cela d’ailleurs qu’il n’y a pas de candidature unique. (…)  comment se fait la gestion des querelles de succession pour que le vainqueur reconnaisse la victoire du vaincu, constitue désormais l’enjeu », affirme-t-il.

Bougma relève l’absence de critères de succession préalablement définis qui provoque les conflits. Toutefois, il dénonce les implications politiques qui alimentent ces conflits de succession afin de contrôler les chefs traditionnels.
« Il faut que les chefs se retirent du terrain politique et qu’ils assument les fonctions régaliennes qui leur sont dévolues », soutient le sociologue Jean Charles Bambara. Il accuse également les hommes politiques de manipuler la chefferie traditionnelle. Pour cela, il propose de définir un statut du chef traditionnel afin de les tenir en dehors de la sphère politique.

L’émission Ya’Débat sera diffusée à partir de ce samedi 23 mai 2020 sur l’ensemble des radios partenaires du Studio Yafa.