A Kaya, des déplacés votent pour la paix et la sécurité
Plus de 100 000 déplacés, fuyant les attaques des groupes djihadistes et les violences intercommunautaires, à Kaya selon des chiffres officiels, 400 000 selon la mairie

A Kaya, des déplacés votent pour la paix et la sécurité

La participation des déplacés internes au vote de ce dimanche 22 novembre était l’une des inconnues de ce double scrutin. Certains d’entre eux qui vivent dans les différents sites d’accueil à Kaya prétendent avoir tout fait pour s’enrôler afin d’accomplir leur devoir citoyen. Mais faute d’acte de naissance ou de carte nationale d’identité, ils ont dû abandonner leur droit de vote. D’autres comme Idrissa Sawadogo ont pu faire leur transfert à Kaya à temps et ont pu voter.

 Ce dimanche 22 novembre jour d’élections au Burkina Faso, Idrissa Sawadogo, 34 ans et déplacé interne à Kaya était sur pied dès 5h30 du matin : « en tant que représentant des déplacés internes à Kaya, je me suis levé tôt afin d’aider certains de mes compères à rejoindre leur bureau de vote ». Pour lui, « ce jour était particulièrement attendu par tous les déplacés internes parce qu’on espère que ces élections vont ouvrir la voie à plus de sécurité et de paix au Burkina Faso ». Après 45 min dans le rang,  Idrissa Sawadogo ’accomplit son devoir citoyen. A sa sortie, c’est un électeur visiblement satisfait : « j’ai bien voté ; j’ai choisi mon candidat à la présidentielle et j’ai voté pour les législatives aussi ».

Idrissa Sawadogo était un leader des jeunes dans son village de Gaïk-Goata situé à 17 km d’Arbinda dans la province du Soum dans le Sahel burkinabè. Mais un matin de 2019, il a dû fuir avec toute sa famille pour avoir la vie sauve face à la menace terroriste dans sa localité. Le déplacement forcé n’a pourtant pas fait perdre à Idrissa son leadership.

Un vote pour la paix et la sécurité

Comme Idrissa Sawadogo, Salamata Zango est également une jeune déplacée interne de la province du Soum. Cette primo-votante a eu un parcours du combattant avant d’avoir son nom sur le fichier électoral : « j’ai dû d’abord me faire établir un acte de naissance puis une carte nationale avant d’avoir ma carte d’électrice. Je tenais tellement à voter pour la première fois que j’ai consenti à ce sacrifice ». A l’issue de son vote, Salamata Zango n’a qu’un seul souhait : « Nous espérons que celui que nous avons choisi pourra ramener la paix et la sécurité au Burkina Faso afin que nous puissions retourner chez nous. C’est le retour chez nous qui est notre principale doléance ». Dans quelques heures, les bureaux de votes vont refermer leurs portes à 18h00 partout au Burkina Faso. Idrissa Sawadogo et Salamata Zango espèrent que le président qui sortira de cette élection va prendre à bras le corps la question sécuritaire pour un retour de la majorité dans leur localité d’origine : « certes, en tant que Burkinabè, nous sommes partout chez nous au Burkina Faso. Mais nous souhaitons repartir dans les localités où nous avons toujours vécu avant ces années difficiles. Nous souhaitons qu’après les votes, nous soyons heureux du choix que nous avons fait. Même si ce n’est pas tout le monde, 90% des déplacés internes veulent repartir chez eux dans la paix » selon le représentant des déplacés internes dans le Sanmatenga.

Si Idrissa et Salamata ont pu exercer leur droit de vote, ce ne sera pas le cas de nombreux autres déplacés internes qui n’ont pas pu se faire enrôler. Selon les chiffres de la commission électorale provinciale indépendante (CEPI), la province du Sanmatenga compte 93 mille inscrits sur la liste électorale dont environ 3000 déplacés internes.