Ouahigouya : pénurie d’eau, colère de femmes©@Radio Oméga
des femmes disent veiller pour attendre le liquide précieux

Ouahigouya : pénurie d’eau, colère de femmes

A Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso, des familles ont soif. Des quartiers sont privés d’eau durant plusieurs jours. La pénurie que connait cité de Naaba Kaongo depuis quelques années, s’est aggravée ces derniers mois. ‘’Armées’’ de récipients vides, des femmes ont manifesté leur colère d’une soif non étanchée.

Le visage grave, Awa Sawadogo vient de payer sa facture d’eau à la direction régionale de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) de Ouahigouya. Mais la jeune femme semble en avoir gros sur le cœur. La cause : les pénuries intempestives d’eau, couplées à des factures qu’elles trouvent de plus en plus salées. « Vraiment je ne suis pas du tout contente. Je paye des factures pour de l’eau qui ne vient pas. L’eau ne vient pas pourtant nos factures sont de plus en plus chères, on ne comprend rien. Pourquoi ? », enrage Awa. Comme si elle attendait qu’on lui tende un micro, elle continue sa complainte : « Ou bien l’eau ne vient pas et on ne paye pas, ou bien l’eau vient et on paye. Vraiment ce n’est pas du tout sérieux. Si tous les services doivent fonctionner ainsi, le gouvernement va tuer tout le monde pour vivre seul ».

Awa Diallo elle également vient à peine de régler sa facture du mois et s’apprête à enfourcher sa monture. Habitante du secteur 7 de la ville, elle confirme les raisons de cette colère. Selon elle, le calvaire dur depuis des années, et la situation empire. « On peut attendre 4 jours sans avoir de l’eau. Dans certains quartiers, les habitants peuvent attendre deux semaines », explique Awa Diallo. En pareille circonstance, elle dit se tourner vers les puits, avec tous les risques possibles. « L’eau n’est pas potable à ces niveaux, en plus l’eau de certains puits est potassée. Mais on n’a pas d’autres choix », se résigne Awa.

En début novembre des femmes, lasses des coupures à répétition d’eau, avaient manifesté à la direction régionale de l’ONEA de Ouahigouya pour réclamer la démission de la première responsable. Samadou Bila Abdoul, responsable du réseau production de la direction régionale de Ouahigouya reconnait les interminable pénurie d’eau. Il affirme que la solution n’est nullement liée au départ de la directrice générale. «C’est un hors sujet. Ce n’est pas un problème de personne mais technique. Beaucoup de responsables se sont succédés ici, mais le problème demeure ».

Pour Samadou Bila Abdoul la pénurie est due à une conjugaison de facteurs naturels et conjoncturels. « Il y a un problème d’eau parce que nous ne sommes pas dans un contexte favorable du point de vue hydrogéologique et parce que les unités dont nous disposons pour traiter les eaux de surface actuellement ont une faible capacité, ce qui fait qu’on les arrête souvent (…) quelques ouvrages avaient des pannes, mais c’est réparé», note le responsable du réseau production de la direction régionale. Il rassure que la solution réside dans un vieux projet, le barrage de Guitti, à 70 km de Ouahigouya qui devrait assurer l’alimentation en eau potable de la ville de Ouahigouya. Il faudra donc encore attendre, puisque l’on est encore à l’étape des procédures pour recruter l’entreprise qui doit exécuter les travaux. En attendant la mise en œuvre de ce projet longtemps annoncé, une distribution alternée de l’eau dans les différents quartiers de la ville est mise en ouevre.