Chiens de race : à Ouagadougou, une passion qui coûte cher
Passion et business se conjuguent lors des show canins

Chiens de race : à Ouagadougou, une passion qui coûte cher

Des jeunes ouagalais organisent des shows canins. Dans le quartier huppé de la capitale Ouaga 2000, ils s’y donnent rendez-vous avec leurs chiens.  Essentiellement des chiens de race : boerbull, chow-chow, bouledogues, malinois. Des rencontres pour vivre une passion pour certains, une occasion de business pour d’autres. 

Heroce. C’est ainsi que Ornella Ouoba, 19 ans, appelle son chien. Un chow-chow d’origine mongolienne. Les yeux posés délicatement sur son animal de compagnie qu’elle tient en laisse, la jeune fille explique que Heroce est venu de Russie. Un cadeau d’anniversaire pour le 23e anniversaire de mariage de ses parents. La passion pour les chiens, Ornella dit l’entretenir depuis longtemps. « Cette passion, je la tiens de mon père. Depuis toute petite, il y a toujours eu des chiens à la maison (…) Je préfère les chiens de salon, les caniches. Ils sont plus attachants. Quand je bosse, il est là avec moi, même quand je veux dormir, on dort ensemble. On est tout temps ensemble. Ça crée une certaine sécurité affective », explique-t-elle.

Ornella vient partager sa passion avec d’autres personnes, à l’occasion d’un show canin à Ouaga 2000. À côté de Heroce dont la valeur monétaire est estimée à plus d’un million de F CFA, d’autres chiens, de gros gabarit sont minutieusement tenus par leurs propriétaires. Les aboiements, rauques ou aigües des canidés, se mêlent aux applaudissements de leurs maîtres saluant les démonstrations des animaux qui font étalage de leur parfait dressage. Marcel Gnanguessy, gérant d’entreprise tient solidement son boerbull, alors que Haron son fils de 8 ans s’occupe d’un caniche, Agapé. Marcel et les chiens, c’est également une longue histoire. « Si maman entend cette question, (Ndlr. nous lui demandons à quand remonte sa passion pour les chiens) elle va crier. C’est depuis tout petit. Pour avoir un chiot en Côte d’Ivoire, il fallait donner un poulet pour en prendre. Franchement j’ai donné beaucoup de poulets de ma mère pour prendre des chiots et on m’a tellement frappé pour cela », se remémore-t-il en esquissant un large sourire.

La passion a un prix

Contrairement à Ornella, Marcel préfère ses chiens gros, d’où le choix du boerbull. « A un an, il a déjà plus de 40 kg. Il n’est pas agressif, s’il est bien éduqué, il n’y a pas de problème. Ce sont des chiens robustes. Il faut leur accorder beaucoup de temps, les éduquer, sortir marcher avec eux. Quand ils ne font pas d’exercice physique, ils peuvent devenir destructeurs à la maison», décrit-il. La passion pour les chiens, surtout de race, il faut avoir les moyens de la vivre. Marcel le reconnait, mais pour lui, le jeu en vaut la chandelle. « Quand je prends un sac de croquette de 40 kg c’est pour environ deux semaines pour mes 5 chiens. Le sac coûte 40 000 F CFA (…) Quand on aime, on paie hein. C’est un amour qui coûte cher mais on fait avec », dit-il.

« Coté argent, on fait des sacrifices pour les choses qu’on aime. Ce n’est pas facile » explique pour sa part Patrick Ilboudo, trentenaire qui dit posséder 7 chiens chez lui à domicile, et une cinquantaine dans son club de canins où il fait des affaires. Les compagnons canins (c’est ainsi que les passionnés appellent les chiens) de Alex Thierry Pallé viennent d’horizon divers : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Togo, Afrique du Sud. « Mon boerbull, sa mère est venue de l’Afrique du Sud, gestante. On l’a fait venir à Abidjan, elle a mis bas et j’ai récupéré mon chiot », nous apprend-t-il.

Alex reconnait que certains propriétaires versent dans les excès avec leurs chiens, ce qui peut choquer. Le show canin participe aussi à la sensibilisation. « Malheureusement nous tombons sur des excès de certains membres, c’est vrai(…) Notre objectif c’est de rester dans un cercle modeste, s’occuper de nos chiens sans offusquer autrui. En considérant que tout ce qui est pour le bien être du chien ne vient pas en premier plan par rapport à nos mœurs », commente Alex. Selon certains participants, le show canin est l’occasion de détecter des races prisées pour des éventuels accouplements avec leurs chiennes. Et là, c’est aussi payant. En nature (un chiot à la mise bas) ou en espèce (selon la race, l’accouplement peut coûter 300 000 F CFA ou plus).