Investiture du président Roch : elle espérait faire de bonnes affaires
la sécurité a été durcie autour du palais des sports de Ouaga 2000

Investiture du président Roch : elle espérait faire de bonnes affaires

Pendant que le président du Faso Roch Kaboré prêtait serment ce 28 décembre 2020 pour un deuxième mandat, Corine Bassolé n’avait pas le cœur en joie. La route menant au palais des sports où a eu lieu la cérémonie a été bloquée. La jeune restauratrice est donc restée avec sur les bras, du riz -sauce invendu.

Il fallait montrer patte blanche ce 28 décembre pour avoir accès à la cours du palais des sports de Ouaga 2000. A la hauteur de l’ambassade du Sénégal sur le boulevard Mouammar Kadhafi, il fallait rebourser chemin, à défaut de présenter un badge pour l’évènement du jour: l’investiture du président du Faso. Pourtant, le restaurant de Corinne Bassolé est de l’autre côté de la barrière de sécurité. Après la cérémonie de prestation de serment, la jeune restauratrice est assise sur un banc, la tête posée entre ses bras croisés. Au pied du manguier où elle exerce son commerce, la jeune femme semble se tourner les pouces.

« Si on nous avait averti et que c’est nous qui n’avons pas écouté, on pouvait parler. Nous ne sommes pas contents parce que la route a été barrée, du coup nos clients ne parviennent plus à nous. On a préparé du riz, mais nous n’avons pas pu vendre. Ça va se gâter. Si tu viens, on te dit de rester derrière », fulmine-t-elle. Pourtant, elle avait cru flairer une bonne affaire avec l’affluence. « Pendant les meetings, ça marchait bien. En fait nous comptions aussi sur la grande affluence pour faire de bonnes affaires. On préparait beaucoup et ça marchait », ajoute Corine désemparée.

« Il n’y a pas de solution. C’est du riz sauce, on va faire comment avec ça ? D’habitude à 13h30 tout est fini », lance une autre fille qui semble être l’assistante de Corine depuis le restaurant.  A côté des deux jeunes filles qui se plaignent de n’avoir pas été informées auparavant, ce qui leur auraient permis de prendre leurs dispositions, il y a Ousmane Dicko, qui lui, dit comprendre la situation. Boutiquier, il se dit favorable au durcissement du dispositif de sécurité. « C’est vrai que ce n’est pas bon pour nos affaires, mais c’est pour un seul jour. Les affaires vont reprendre demain », tempère-t-il.

Corine et Ousmane avouent n’avoir pas eu le temps d’écouter le discours d’investiture du président du Faso. « Tellement j’étais découragée, je n’ai même pas eu envie d’écouter son discours. Je l’ai pourtant voté », rempile Corine qui lâche un sourire. Bassidou Ouédraogo, chauffeur de 34 ans a pour sa part eu le temps d’écouter le discours. Mais le jeune homme dit n’avoir pas trouver son compte. « Le problème selon moi, c’est le côté sécuritaire. Il a certes parlé de cela. Je savais même qu’il allait parler de cela. Il ne m’a pas convaincu dans son discours. Il l’a dit est-ce qu’il pourra le faire ? », se demande Bassidou. Un détail a par contre retenu son attention lors de cette cérémonie. « C’est seulement Idriss Déby qui m’a marqué avec son bâton de Maréchal », explique le jeune chauffeur.