Ouagadougou : Rabiatou Sawadogo, la vendeuse mobile d’oseille et de ‘’boulvakan’’

Ouagadougou : Rabiatou Sawadogo, la vendeuse mobile d’oseille et de ‘’boulvakan’’

Au moins 20 livraisons journalières de feuilles fraîches composées d’oseilles, de boulvakan (corète potagère), d’aubergine, etc. Rabiatou Sawadogo, 26 ans, a visiblement bien choisi son business qui semble florissant. Sur sa moto à longueur de journée, la jeune fille fait la navette entre le jardin et les clients. Rencontre.

Une journée ordinaire. Il est 7h du matin dans un jardin à Tanghin (un quartier de la ville de Ouagadougou réputé pour son barrage). Les rues de la ville s’animent peu à peu, mais aux abords du jardin, la routine a repris tous ses droits. Des feuilles comestibles et des plantes nouvellement cueillies sont disposées un peu partout à même le sol. Un lot est déjà attaché dans des sacs et placés sur la moto de Rabiatou, 26 ans. La jeune filles est prête à entamer une journée de livraison.

Dans des domiciles, les services (privé ou publique) ou encore dans les boutiques de ventes, elle sillonne partout où la clientèle l’appelle.  « Dès qu’il y a des commandes lancées et que les clients demandent une livraison, je me mets immédiatement en route. Par jour je peux avoir au minimum 20 commandes pour les feuilles », explique la jeune Rabiatou.

Sa mère, son inspiration

Bintou Neya, agent de bureau ne sait plus quand est-ce qu’elle s’est rendue au marché. Rabiatou lui a enlevé cette corvée quotidienne. « Je fais presque tous mes achats chez elle. C’est bio et pratique », rassure la cliente, l’air satisfaite.

La production et la commercialisation de feuilles comestibles ne sont pas un fait du hasard. C’est presqu’un héritage transmis subtilement par la mère de Rabiatou, elle-même jardinière. « Je savais qu’un jour je ferai comme ma mère. Je passais mes temps libres avec elle au jardin. En l’aidant quelques fois, j’ai acquis des connaissances sur la production», raconte Rabiatou Sawadogo.

C’est une mère qui avoue être fière de sa fille qui a su gagner la confiance de plus d’un Burkinabè. « Elle m’a beaucoup aidée dans la vente des produits jardiniers. J’admirais sa passion et je ne doutais pas qu’elle fasse mieux que moi », témoigne la mère, visiblement heureuse.

Avec un niveau universitaire de DEUG 2 en Allemand, Rabiatou se forme parallèlement en éducation de la petite enfance. Mais elle avoue ne pas avoir de temps pour se consacrer à la formation, son business ayant absorbé presque totalement.

Plusieurs cordes à l’arc d’un business florissant

Le quotidien de la jeune fille est donc est orienté vers son business mobile. En plus des feuilles, Rabiatou a ajouté d’autres cordes à l’arc de son business : des pots décoratifs, des arbres décoratifs et du granite. « Pour ce concerne les arbres décoratifs et les granites, j’essaie de faire le suivi à domicile. Cela pour aider à l’entretien et avec des conseils, etc. », rassure-t-elle.

Rabi est désormais une référence dans la production de plantes et fleurs. Elle est citée dans les débats sur l’environnement ou taguée dans des publications sur les réseaux sociaux sur des sujets qui concernent ses domaines d’intervention. Et l’artiste chanteur Burkinabè Imilo le chanceux est un client qui a découvert le business de Rabiatou grâce aux réseaux sociaux. « C’est sur les réseaux sociaux qu’on a vu ses publications et nous avons fait quelques commandes de pots de fleurs chez elle », dit-il visiblement satisfait du produit.

Du manque d’eau aux propositions indécentes

Le manque d’eau est le problème majeur dans le commerce de la jeune commerçante. A cela s’ajoute des propositions indécentes de certains clients. « Au début certains appelaient juste pour me draguer, d’autres me disaient que ce n’est pas un métier pour une fille de mon âge. Mais au fil du temps avec la patience, la volonté et le courage j’ai démontré que le jardinage n’est pas uniquement le travail des hommes, ni de vielles femmes », dit-elle, avec fierté.

Rabiatou en pleine activité

Une détermination renforcée par une audience. Celle avec le Président directeur général de Coris Bank International. De cette rencontre, Rabiatou avoue être ressortie ragaillardie et plus confiante. « Il est véritablement une source d’inspiration pour moi et je rêve de suivre ses pas. Il m’a donné beaucoup de conseils et d’idées novatrices », explique la jeune fille.

Le rêve de Rabiatou

Disposer d’un terrain agricole pour cultiver elle-même ses plantes et ses arbres est le rêve de la jeune Rabiatou. Là, elle pourra produire, commercialiser et faire elle-même les livraisons. « Les livraisons sont assez contraignantes, mais je le fais seule dans le but de mieux gagner afin d’économiser », reconnaît la diplômée en Allemand.

L’entreprenariat est un domaine passionnant mais il faut avoir une vision et des objectifs avant de s’y lancer selon la jeune fille.  Pour elle, l’entreprenariat présente plus de défis pour les filles et les femmes qui doivent à coups de persévérance, prouver qu’elle sont capables de s’assumer pleinement par le travail.

StudioYafa/MoussoNews