Tissage des feuilles de rônier : des jeunes garçons ravissent la vedette aux filles
Difficile transmission du tissage des feuilles de rônier de mères en filles.

Tissage des feuilles de rônier : des jeunes garçons ravissent la vedette aux filles

La région des Cascades est réputée être une région de plantation de rôniers. Le borasse, en plus d’offrir du bandji est aussi prisé pour ses feuilles utilisées dans la fabrication de poulaillers et de paniers. Le tissage des feuilles du rônier se transmet de mère en fille chez les Gouins, l’une des ethnies majoritaire de la localité. Pourtant de plus en plus de jeunes filles se désintéressent de cette activité.

Le tissage des feuilles de rônier est fascinant, reconnait Aline, élève en classe de 3e. Mais la jeune fille n’y porte aucun intérêt. D’ailleurs, elle dit manquer de temps pour apprendre le métier auprès de sa mère. « J’observe souvent ma mère tisser, mais je n’ai pas le temps d’apprendre », explique-t-elle. Ce sont les jeunes garçons qui commencent à s’intéresser à l’art du tissage. Ils s’y initient progressivement, contrairement aux jeunes filles à qui jadis, le tissage des feuilles de rônier était transmis comme héritage de mère en fille.
C’est le cas de Karama Yamatié, 20 ans et élève en classe de 1ere. Passionné du tissage des feuilles, il en a fait son passe-temps favori et apprend régulièrement auprès de ses camarades. En poulaillers ou en paniers, les feuilles de rôniers s’adaptent à la forme qu’on leur donne.

« J’ai vu mes camarades fabriquer des poulaillers. Je me suis intéressé et j’ai commencé à apprendre. Grâce à eux j’ai pu faire beaucoup. J’ai vendu quelques œuvres et j’ai eu l’argent pour acheter mes unités. Même si mes parents ne sont plus là, un jour je pense qu’on peut se débrouiller. Je compte le transmettre à mes enfants, à mes arrières petits-enfants… Je suis déjà en train de l’apprendre à mes petits frères », témoigne-t-il.
Dans sa concession familiale à Bounouna, village situé à l’entrée Est de Banfora, Korotoumou Soulama, la cinquantaine, tresse avec habileté et finesse des « sansara» une sorte de corbeille qui sert de poulailler. Ce savoir-faire traditionnel, Korotoumou dit l’avoir hérité de ses grands-parents. Elle déplore toutefois le désintérêt des jeunes filles pour cette activité, contrairement aux garçons.

« Mon fils vient me donner souvent des coups de main lorsqu’il n’a pas cours. Je dirai que ce sont les jeunes garçons qui viennent apprendre à nos côtés la plupart du temps. Avec le temps je me dis que les jeunes filles vont s’y mettre, sinon si je les y oblige, elles diront qu’on perturbe leurs études », dit-elle.

Le tissage des feuilles de rônier permet à des jeunes scolaires et des femmes de faire des économies les jours de marché. Ils nourrissent l’espoir que cette tradition va perdurer du fait de la hausse de la demande des poulaillers ou paniers faits à base de feuilles de rônier.