«  En dehors de faire du sexe, les jeunes n’ont plus rien à apporter l’un à l’autre »
l'amour des jeunes était en débat cette semaine

« En dehors de faire du sexe, les jeunes n’ont plus rien à apporter l’un à l’autre »

Saint-Valentin a été convoqué sur le plateau de débat de Studio Yafa. L’émission hebdomadaire était à l’eau de rose à quelques jours de la fête de l’amour, 14 février. Pour autant, pas de câlins entre invités. Quand les plus âgés accusent les jeunes de manquer de discernement entre leurs pulsions, leurs désirs et l’amour, les jeunes répliquent que la responsabilité de ces relations qui ne tiennent qu’à un fil incombe aussi aux parents qui ont démissionné dans la transmission des vraies valeurs de l’amour.

Les jeunes conçoivent l’amour avec euphorie, constate Roland Batoua, jeune entrepreneur. Ils se laissent guider par la morphologie, la position sociale de l’être aimée. L’invité confesse et dit comprendre. « Je l’ai expérimenté ». Par contre, ce n’est pas suffisant, parce qu’après l’euphorie, vient l’étape de l’adaptation. Selon lui, c’est en ce moment que les masques tombent, alors l’on découvre le vrai visage de son (sa) partenaire. Et tout vol en éclat, regrette le jeune entrepreneur. Naba Saga 1er, le chef de Issouka (Koudougou) rappelle pourtant qu’avant, les anciens n’avaient pas le temps de choisir leur dulcinée.

Paradoxalement, les mariages étaient bien solides. « Belle ou pas belle, biceps ou pas biceps, on était destiné (e) à un homme ou à une femme », dit le chef traditionnel. Les générations ne sont plus les mêmes, surgit la seule femme du plateau. Leonella Oloukoi, animatrice radio relève que grâce aux réseaux sociaux, les jeunes se rencontrent facilement, mais se quittent facilement aussi. Les couples sont fragiles, les jeunes sont perdus, certes. Mais la jeune fille refuse que les jeunes soient vus comme seuls responsables de cette situation.

« Si nous jeunes avons perdus ces valeurs, c’est parce qu’à un moment donné, les parents ont démissionné dans la transmission de ces valeurs à leurs enfants. Qu’on ne rejette pas la faute sur nous, que la responsabilité soit partagée », fulmine la plus jeune invitée du plateau. D’une voix calme, Naba Saga 1er, le chef de Issouka reconnait la responsabilité parentale. « Vous avez raison de nous accuser », dit-il, non sans préciser que les parents n’ont plus assez de temps à accorder à leurs enfants. Papa et maman vont travailler pour s’occuper de vous, avant c’était au champ qu’on travaillait et on rentrait ensemble, rappelle le chef.

Et le sexe dans tout ça ?

Pour certains jeunes, impossible de concevoir une relation amoureuse sans sexe. Après hésitation, Leonella Oloukoi déclare timidement : « C’est vrai que le sexe n’est pas de l’amour, mais ça participe à la consolidation des choses. Mais il faut le faire avec la bonne personne ». Là est le piège, alerte Roland Batoua pour qui le sexe ne saurait consolider une relation sans base solide. « Une fille que vous découvrez régulièrement ne pourra pas vous faire d’effets plus tard. Beaucoup de relations échouent parce qu’en dehors de faire du sexe, manger dans des restaurants, ils n’ont plus rien à apporter l’un à l’autre », lâche-il.

Naba Saga 1er trouve des circonstancess atténuantes à la jeunesse. Sur les réseaux sociaux, à la télé, partout c’est du sexe. « Toute cette pression sur la jeunesse l’a transformée », regrette l’invité. Il note qu’à leur époque, le sexe venait au bout d’un long processus de murissement d’une relation pour laquelle, les familles, les quartiers et les villages étaient impliqués. De nos jours, constate amèrement le chef, les jeunes veulent commencer à gouter aux fruits avant qu’il ne soit mûr. « Prenons le temps de cultiver avant d’aller au sexe », conseille-t-il.

L’intégralité du débat est à suivre ce samedi 6 février à partir de 10h sur le réseau de nos radios partenaires.