Tampouy-Kamboincin : la nouvelle route de la mort à Ouaga
Des images d'accidents mortels comme celle-ci sont devenues quotidiennes sur cette route

Tampouy-Kamboincin : la nouvelle route de la mort à Ouaga

A Ouagadougou, les accidents mortels se multiplient sur la route nationale n°22, notamment entre l’hôpital Paul 6 et le barrage de Kamboincin. Depuis la réhabilitation de ce tronçon d’environ 6 km de long, il y à peine 3 mois, plusieurs riverains y ont été tués par accident. Pour le seul mois d’avril, les services de police ont enregistré 143 accidents dont 13 sur ledit tronçon. de Si Les riverains indexent l’absence de ralentisseurs, de panneaux de signalisation, de lampadaires, et surtout l’excès de vitesse.

Jacques Dembélé, menuisier, n’emprunte plus le bitume nouvellement réhabilité de la nationale n°22 dans sa section Tampouy-Kamboincin. Depuis près d’un mois, il dit emprunter les ruelles des quartiers Kamboissin, Kossoghin et Silmissi pour ses courses. Le jeune homme dit vouloir éviter ainsi les accidents mortels depuis la réfection de la route. « J’ai peur. Je ne peux plus emprunter ce goudron, à chaque fois que je tente de le faire, l’image des accidentés me vient en tête et cela me traumatise », raconte-t-il.

Assis devant sa boutique en face des locaux de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), Sanoussa Sanfo, l’air inquiet, attend impatiemment ses enfants. Ils sont inscrits dans une école à l’autre côté de la nationale n°22. Si la réhabilitation du bitume a été un soulagement pour le commerçant, il est aujourd’hui source d’inquiétudes pour ce dernier au regard des multiples accidents qui y ont lieu presque chaque jour. « Tant que je ne vois pas les enfants revenir de l’école, je ne suis pas tranquille. Depuis qu’on a mis le bitume, on assiste tous les jours à des accidents, parfois mortels et cela m’inquiète énormément » explique le boutiquier.
Des riverains citent plusieurs raisons qui occasionnent les accidents dont ils sont témoins. Pour refaire la voie, les ralentisseurs ont été détruits. Les tracés également ont disparu. Les travaux ont pris fin depuis quelques mois sans que les ralentisseurs, ni les tracés ne soient rétablis.

Pour Amado Soré, cordonnier, la hausse des accidents est liée à l’absence de ralentisseurs. Depuis près de 10 ans qu’il est installé devant la Direction des moyennes entreprises du Centre, Amado dit n’avoir n’a jamais été témoin d’autant accidents. « On assiste à des accidents tous les jours. Nous-mêmes qui sommes au bord du goudron ne sommes pas épargnés. Nous craignons énormément », dit-il.
Abdoulaye Kaboré, gérant d’une boutique de quincaillerie quant à lui accuse les riverains qui rouleraient à tombeau ouvert. « J’ai comme l’impression que les gens n’ont jamais vu un nouveau goudron » s’offusque-t-il, tout en ajoutant l’insuffisance de feux tricolores. « Il n’y a que trois feux tricolores sur ce bitume de près de 6 kilomètres », fait-il remarquer.

A quand la fin de cette série noire sur la nationale n°22?

Pour le seul mois d’avril, les services de la police nationale ont enregistré 143 accidents sur le tronçon Tampouy-Kamboincin. Face à ces chiffres l’entreprise en charge de la réhabilitation de la voie se défend. « Les travaux ne sont pas terminés » rassure Achour, directeur du projet RN22 (Kamboissin-Kongoussi). Il précise que le tronçon a été ouvert aux usagers pour faciliter la circulation en attendant la fin des travaux. « Nous sommes rentrés en contact avec les responsables des quartiers pour sensibiliser les usagers à plus de prudence dans la circulation », dit-il tout en déplorant l’imprudence de certains usagers. « Les ralentisseurs, l’adressage et les panneaux seront installés d’ici la fin du mois de juin » affirment les responsables de l’entreprise en charge de la réalisation des travaux de la nationale n° 22.