Burkina: « le Boulgou »,  la colline sacrée  et ses mystères
Une vue de la colline sacrée le "Boulgou" (Ph. Studio Yafa)

Burkina: « le Boulgou », la colline sacrée et ses mystères

Le Boulgou. Avant la province qui porte ce nom dans la région du Centre-Est, il y a une colline pleine de mystères. La monticule qui peut paraître ordinaire pour l’œil non avisé est un haut lieu spirituel pour les populations. La montagne sacrée accueille des visiteurs qui viennent formuler des vœux. Elle est aussi un site touristique qui draine du monde.

Au simple regard, rien ne différencie la colline le « Boulgou » des autres collines du pays. Mais c’est un haut lieu sacré devenu un sanctuaire de rites,  de sacrifices et de visites touristiques pour les populations de la localité et d’autres personnes qui viennent formuler des vœux. Située dans la commune de Garango, région du Centre-Est, la colline le « Boulgou », qui donne son nom à la province qui couvre la localité, s’élève à 386 mètres d’altitude.

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Elle est impressionnante de par son immensité, portant ainsi bien son nom « Boulgou » qui signifie majestueux, de grandeur ou d’immensité en langue locale bissa, ethnie de la localité. En cette période de l’année, juillet, c’est un long tapis vert qui se donne à voir, interrompu par endroit par des traces noirâtres que constituent les parties de la colline qui ont refusé de laisser engloutir par la verdure. A ses pieds, et au milieu du tapis vert s’observent de longs et tortueux sentiers conduisant dans des villages environnants également traversés par le « Boulgou ».

Le directeur régional en charge de la Culture du Centre-Est, Roland Massimbo (Ph. Studio Yafa)

Avec près de 3000 visiteurs par an, selon les registres de la direction régionale en charge de la Culture de la région, la colline sacrée du Boulgou est une véritable attraction tant pour son caractère touristique, mais aussi pour son côté sacré. A ce titre et selon des témoignages, son invocation a sauvé de nombreuses personnes de situations difficiles. Selon le guide touristique Raoul Bambara, natif de Garango, pour l’avoir imploré, des femmes ont pu avoir des enfants, certaines personnes ont recouvré la santé tandis que d’autres ont redynamisé leurs affaires. Il explique qu’« en général, des gens viennent pour leurs examens et concours, pour l’enfantement… Mais si tu voles et tu viens demander une protection à la colline, elle ne va pas le faire».

Mythe ou réalité?

Le guide précise qu’il faut dans le cadre de la formulation de vœux, un coq blanc, de la cola, du dolo et du tabac. Et celui qui le fait, promet de revenir remercier avec un présent qu’il détermine sur place avant de repartir chez lui. Il y a cette possibilité et des ressortissants de la localité sont dans des difficultés ? A cette question Raoul affirme que c’est au regard de la religion des uns et des autres. Selon lui, il faut y croire pour que ça marche, or certains ont choisi d’autres religions pour lesquelles le caractère sacré de la colline n’est pas reconnu.

Le guide touristique, Raoul Bambara (Ph. Studio Yafa)

Et, en principe, c’est une fois dans l’année que se formulent les vœux et autres demandes. Mais les autorités coutumières ont ouvert et cela peut se faire à toute période de l’année. Le guide touristique informe qu’en période ordinaire, il faut se rendre chez le chef de Garango qui instruit des gens qui vont donner des orientations. « Il y a un baobab derrière la cour royale et c’est là-bas on fait les sacrifices », a-t-il confié.

La colline et ses interdits

Raoul soutient également que le « Boulgou » est un endroit public, mais avant de l’escalader c’est mieux de demander l’autorisation du chef avec un coq blanc, de la cola, du dolo et du tabac et cela même sans avoir l’intention d’y formuler des vœux. « Sans cela, tu peux tomber et te blesser », a-t-il fait savoir. Il avertit aussi qu’il est interdit d’emporter un caillou issu de la colline, sans permission. Ceux qui le font « peuvent avoir des difficultés. Par exemple, la personne ne pourra jamais dormir tant qu’elle ne ramène pas le caillou », a-t-il prévenu.

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A côté de son caractère magico-religieux, le « Boulgou » a été répertorié, par le ministère en charge de la Culture, parmi les sites touristiques du Burkina Faso. Le responsable régional de ce département dans la région du Centre-Est, Roland Massimbo, confie que le « Boulgou » figure sur la liste nationale des sites culturels et il n’est pas exclu qu’il soit, dans l’avenir, un patrimoine culturel de l’UNESCO. Une observation est faite dans ce sens, à encore croire le directeur régional de la Culture.

Boureima Dembélé