Réformes du BEPC et du BAC: « On ne fait pas ce que l’enfant veut, on fait ce qui est bien pour lui »

Réformes du BEPC et du BAC: « On ne fait pas ce que l’enfant veut, on fait ce qui est bien pour lui »

« Nous ne devons pas flatter les élèves », soutient mordicus le directeur général de la recherche en éducation et de l’innovation pédagogique sur le plateau de Ya’Débat. Pour l’invité, nul besoin de l’aval des élèves pour faire passer les réformes du BEPC et du BAC. « Il ne faut pas que ce soit des choses posées avec rigidité », oppose pour sa part un parent d’élève qui accuse les autorités d’avoir manqué d’approche en termes de communication. Le débat hebdomadaire s’est déroulé en l’absence des élèves, le ministère ayant refusé d’être sur le même plateau que l’Association des élèves et scolaires de Ouagadougou (AESO) parce qu’elle n’a pas de récépissé. 

Au Burkina Faso, les élèves ne décolèrent pas. Ils sont vent debout contre les nouvelles réformes du BEPC et du BAC. Des blessés, des morts et des destructions de biens ont été enregistrés dans les manifestons violentes à travers le pays. Mais cela n’entame en rien la conviction de François Compaoré sur le bienfondé des réformes qu’il qualifie de réajustements. Directeur général de la recherche en éducation et de l’innovation pédagogique qu’il est, il précise d’ailleurs que ce n’est pas la première fois que des réformes ne sont pas bien accueillies par les élèves.

« Mais nous ne devons pas flatter les élèves », estime le représentant du ministère en charge de l’éducation nationale sur le plateau de Ya’Débat. Il poursuit en expliquant que l’éducation n’est pas un acte aussi démocratique où l’avis de l’élève doit forcément être pris en compte. « (…) On ne fait pas ce que l’enfant veut, on fait ce qui est bien pour lui (…) », tranche l’invité.

Parent d’élève, Aline Yago n’est pas d’accord. Elle ne nie pas qu’en tant que responsables, décideurs, les autorités doivent faire des choix pour les élèves, mais elle regrette la manière de le faire. «  (…) Mais en toute chose, il faut dialogue. Il a manqué d’approche en terme de diffusion de l’information. Il ne faut pas que ce soit des choses posées avec rigidité…Ce sont des niveaux différents, les enfants ne comprennent pas de la même manière que les parents, les enseignants, les associations ou les syndicats peuvent comprendre ». 

Attention ! Alerte pour sa part Sibiri Kiénou, professeur certifié des lycées et collèges. Dialogué oui, mais jusqu’à quel niveau, se demande-t-il. « Il y a certains qui disent que comme ça concerne les élèves, on doit les écouter, prendre en compte ce qu’ils veulent, considérer leur point de vue. Systématiquement on ne va pas leur donner une éducation », soutient-il. Il reste convaincu qu’il ne faut pas céder aux désidératas des élèves, au risque de créer un précédent. «Comme ils disent qu’ils ne veulent pas du sujet unique, on abandonne tout de suite parce que c’est eux qui doivent composer ? », met-il en garde.

Des réformes à l’avantage des élèves ?

Le Directeur général de la recherche en éducation et de l’innovation pédagogique reste convaincu que les nouvelles réformes des examens sont à l’avantage des candidats. Par exemple, en Histoire-Géographie (H-G) et en Sciences de la vie et de la terre (SVT), les sujets seront uniques désormais, plutôt qu’au choix. « Les enseignants et correcteurs en SVT et en HG ont observé que la pratique des sujets au choix n’était pas toujours à l’avantage des élèves », explique François Compaoré pour qui, les Sciences de l’éducation évoluent et il faut une perpétuelle adaptation. Le Représentant du ministère en charge de l’éducation nationale ajoute également qu’avec les nouvelles réformes, la note de 0 ne sera plus éliminatoire.

Sibiri Kiénou ne dit pas le contraire. En tant qu’enseignant et après avoir corrigé à plusieurs reprises les épreuves de SVT à l’examen, il dit avoir remarqué que les sujets multiples desservent les candidats. « Il y en a qui sont perturbés, ils abandonnent le sujet en cours de traitement dès qu’ils sont en difficulté. Ils dispersent leurs énergies. Si l’élève est conscient qu’il n’y a qu’un seul sujet, il va réviser tous les cours », défend l’enseignant. Aline Yago estime que le ministère a failli dès le début. Pour elle, si les explications étaient fournies très tôt pour que les élèves comprennent les motivations des réajustements, les dérapages auraient été évités. Mais elle dit espérer que c’est n’est pas encore tard pour le ministère pour se rattraper.

Ya’Débat est diffusée à partir de samedi à 10 heures pendant l’émission « Le grand rendez-vous » sur l’ensemble des radios partenaires du Studio Yafa.