Ouagadougou: la veuve Andréa Sawadogo vit du ramassage de sachets d’eau

Ouagadougou: la veuve Andréa Sawadogo vit du ramassage de sachets d’eau

Rendre l’environnement propre tout en se faisant des revenus. C’est le bon filon de Andréa Sawadogo. La veuve de 47 ans ramasse les sachets d’eau en plastique qu’elle revend. Une double activité écologique et économique qui lui permet d’engranger entre 15 000 et 17 500 FCFA par mois. Un gain qui peut paraître dérisoire mais qui lui permet de vivre dignement tout en débarrassant l’environnement de ces emballages nuisibles.

Foulard bien noué, cache-nez en évidence, les gants rouges. Et voici Andréa Sawadogo qui se lance dans la collecte des sachets d’eau en plastique. Elle dit n’avoir ni enfant ni un proche pour l’aider à subvenir à ses besoins. Veuve à 47 ans, elle compte sur ses propres forces pour survivre. Son occupation quotidienne, le ramassage des sachets d’eau que jettent les consommateurs dans les rues. Une activité qu’elle mène depuis bientôt 7 ans. « Je sillonne les rues de Ouagadougou à la recherche de sachets d’eau jetés », raconte la quadragénaire visiblement épuisée. Le sac rempli de sachets vides, elle peine à l’attacher à son vélo.

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« Ce n’est pas lourd. Juste que je suis fatiguée. Il y a beaucoup de soleil aujourd’hui (1er juin, ndlr) », dit-elle. Pourquoi le choix de la vente des sachets d’eau vide ? Un moment de silence puis la réponse. « J’ai vu un monsieur qui achetait des sachets avec des enfants. Je me suis approchée pour en savoir plus. Il m’a informé que dans le cadre de la lutte contre la dégradation de l’environnement, une association achète des sachets pour les recycler en d’autres objets qu’ils revendent », relate-t-elle. Andréa murit alors l’idée d’en faire pareil pour survivre dignement.

C’est avec son vélo que Andréa Sawadogo collecte désormais les sachets

Très tôt chaque matin, de son quartier Bang-pooré (Tanghin), elle parcourt des dizaines de kilomètres à pied à la recherche de son sésame. « Je me lève à 5h30 pour aller à la recherche des sachets. Je n’ai de répit qu’autour de 14h30. Je peux sillonner au moins quatre quartiers de la capitale », raconte Andréa. Une fois la matière première dans le sac, commence le tri des sachets qu’elle revendra à 100 ou 125 F CFA le kg. Le plus souvent dame André collecte les sachets pendant 2 à 3 mois avant de passer à la vente. Pour 1 kg il faut au moins près de 500 sachets vides.

Un revenu dérisoire mais jugé digne

Tantôt 12 500, 15 000 ou même 17 500 FCFA par mois. Une somme qui n’est pas à la hauteur de l’investissement de la veuve. Mais elle ne s’en plaint pourtant pas. Elle parvient à honorer son loyer mensuel de 10 000 F CFA et s’assurer quotidiennement un repas.  « Beaucoup pensent que c’est dérisoire mais c’est une fortune pour moi », raconte Andréa toute fière. A l’entendre c’est une activité qui l’occupe et qui l’éloigne de la mendicité.  

Moussa Kiemdé, une connaissance, dit être fier de la combativité dont fait montre Andréa.  « Depuis le décès de son époux, elle se bat comme elle peut pour survivre. Parfois on veut l’aider, mais elle décline tacitement » confie-t-il.

A Kalgondin, un quartier de Ouagadougou, Andréa est bien connue pour son activité. Sonia, vendeuse de prêt-à-porter demande expressément à ses employés de ne plus jeter les sachets d’eau, mais de les rassembler pour remettre à Andréa quand elle est de passage. « Parfois, nous remplissons le sac pour elle. Quand elle arrive, elle prend en même temps. Elle est surtout joviale et n’hésite pas à donner des conseils », raconte Sonia.

Un vélo, le fruit du labeur

Le ramassage de sachet d’eau a permis à Andrea de s’acheter un vélo. Elle le dit fièrement en admirant sa monture.  «  Maintenant je pédale mon vélo pour ramasser les sachets. Quand j’arrive dans un quartier je laisse mon vélo à un endroit et je me promène ramasser les sachets », dit-elle. Laborieuse, Andréa ne ressent la fatigue que le soir venu. Malgré ce temps de repos, elle repasse la journée comme dans un film, fière d’avoir contribué à sa façon à lutter contre ce qui étouffe l’environnement et lui permettant d’avoir son pain quotidien.

StudioYafa avec MoussoNews