Travaux champêtres: « Si l’enfant devient comme un ouvrier agricole, c’est une exploitation »
"En plus des droits, il faut apprendre aux enfants leurs devoirs" disent les invités

Travaux champêtres: « Si l’enfant devient comme un ouvrier agricole, c’est une exploitation »

Oui tous les droits sont bons pour l’enfant. Il faut les leurs accorder pour leur épanouissement et bien-être. C’est ce qu’affirment certains invités de Ya’Débat de cette semaine qui s’est tenu dans le sillage de la journée de l’enfant africain. Des droits de l’enfant, certes, mais il faut les adapter au contexte culturel de chaque pays, relativisent d’autres invités.

Naaba Boalga, socio-anthropologue et chef de Dawelgué, un village du centre Sud du Burkina Faso, est formel : tous les droits sont bons pour l’enfant. Il soutient que les droits accordés à l’enfant ont fait l’objet de réflexion en amont, une réflexion qui prend appui sur les valeurs qui existent dans les différentes sociétés. « Tous les droits sont absolument nécessaires, maintenant aux Etats et aux différentes collectivités politiques de créer les conditions pour qu’il y ait l’effectivité et l’exercice de ces droits. Il faut que les droits soient connus, donc il faut les vulgariser à travers les langues nationales, l’enseignement », explique l’invité.

Jeune maman, l’entrepreneure Carole Sandouidi estime que tant que ces droits peuvent concourir à l’épanouissement de l’enfant, il faut les lui accorder. Par contre, elle se veut réaliste surtout dans le contexte africain. L’exercice des droits dépend des conditions sociales dans lesquelles vit l’enfant. « En ville par exemple l’enfant peut jouir de tous ses droits. Par contre dans certains villages reculés c’est plus compliqué », dit-elle en pointant du doigt l’absence d’infrastructures éducatives et sanitaires qui entrave les droits à l’éducation et à la santé.

Wilfried Hermann Bandé, communicateur et parent lui prône une adaptation dans l’application des droits de l’enfant. Pour le jeune papa, il y a ce qui est global, mais il faut tenir compte des particularités. Le travail des enfants n’est-il pas une violation de leurs droits ? lance l’animateur du débat Souleymane Koanda. Pas nécessairement, rétorque le socio-anthropologue.

Pour lui, le travail, toute proportion gardée, fait partie du processus de socialisation de l’enfant. Par contre, il précise que l’enfant n’a pas les mêmes capacités physiques qu’un adulte. « S’il devient comme un ouvrier agricole, c’est une exploitation », précise le chef de Dawelgué. Carole Sandouidi partage cette idée. L’enfant peut aider dans les travaux champêtres, seulement note-t-elle, il ne faut pas lui demander ce qui est au-dessus de ses forces et qui empêche la jouissance d’autres droits.

« Il y a des situations où l’enfant ne va pas l’école parce qu’il aide les parents dans les travaux », regrette l’invitée. Wilfried Hermann Bandé ajoute que l’enfant a aussi droit à la distraction, aux loisirs, et certains enfants en travaillant toute la journée au champ, sont privés de ce droit, qui plus tard peut jouer sur eux. « Si vous enlevez le jeu à un enfant, vous avez affaire à un adulte », insiste Naaba Boalga.

Carole Sandouidi reconnait qu’il lui arrive de donner des fessées à ses enfants. Pour elle, comme pour Wilfried Hermann Bandé, il faut souvent sévir pour ramener les enfants sur le droit chemin. Cela est nécessaire parce que les parents travaillent beaucoup, n’ont plus assez de temps pour rester avec les enfants. Pendant ce temps de relâchement, l’entourage ne s’implique plus dans l’éducation des enfants des autres comme avant.

Naaba Bolga botte en touche cet argument. « Ce sont des explications, pas des justifications. Les coréens, japonais travaillent plus que nous. Mais leurs enfants sont plus disciplinés. Ça ne saurait justifier notre relative démission», clame-t-il. « Ce n’était pas une justification, mais un constat. Les enfants sont surprotégés, et ne connaissant pas les limites », réplique Carole.

L’intégralité de Ya’Débat sera diffusée ce 12 juin dans le grand débat à 9h sur l’ensemble des radios partenaires.