Terrorisme au Burkina: « Situation très inquiétante, management non rassurant»
Pour les invités, il faut plus qu'un remaniement pour lutter contre le terrorisme

Terrorisme au Burkina: « Situation très inquiétante, management non rassurant»

Des attaques terroristes de plus en plus meurtrières, des protestations des populations contre la gestion de la crise sécuritaire et un remaniement ministériel. Et les jeunes, qu’attendent-ils des autorités en termes de mesures pour lutter efficacement contre le terrorisme ? Ya’Débat de cette semaine a posé le débat. Pour les jeunes invités, la solution ne réside pas seulement dans le changement des hommes à la tête des ministères.

Changement des ministres en charge de la défense et de la sécurité. Et après ? Se demander Paz Hien, juriste et analyste politique. Pour lui, c’est tout le gouvernement qui devrait être dissout. « On ne reconduit pas une équipe qui a perdu (…) Est-ce qu’aujourd’hui au Burkina on a même besoin de revendiquer la démission de ce gouvernement ? C’est tellement logique, l’échec est total, cuisant », clame le jeune invité venu de Gaoua, région du Sud-Ouest.

Pour l’étudiant en fin de formation en communication et journalisme, le remaniement n’augure pas de résultats satisfaisants. Le poste de ministre de la défense que s’est attribué le président du Faso ne le satisfait pas. « Ce n’est pas l’homme qu’il faut, ce n’est pas son rôle. Il doit savoir qui peut faire quoi. Il n’a pas le temps. Quand va-t-il finir avec ses conférences pour s’occuper des questions sécuritaires ? » se demande Salif Zongo. Si cela ne tenait qu’à lui, à chaque attaque terroriste, le gouvernement démissionnerait. Paz Hien n’est pas d’accord. Demander la démission de toute l’équipe gouvernementale n’est pas la bonne option.

Rokiatou Sedego elle estime que c’est la grogne sociale et le mécontentement dans les casernes qui ont guidé la reconfiguration du gouvernement. Mais cela n’est nullement suffisant selon elle. « Il fallait vraiment qu’on change carrément tout le gouvernement après les élections de 2020 », soutient-elle car les résultats sont en deçà des attentes.

L’animateur du débat Martin Kaba rappelle à ses invités que depuis 6 ans, ce sont 725 milliards qui ont été injectés dans la lutte antiterroristes. « Etes-vous sûr que tous les 725 milliards sont rentrés dans la lutte contre le terrorisme ? » demande Paz Hien, l’air sceptique en rappelant cet ancien ministre en charge de la défense déposé en prison pour des soupçons de malversation. « On a l’impression qu’ils se sont partagés », lance de son coté, Rokiatou Sedego.

Propositions de jeunes…

« Les femmes sont des passerelles pour la paix, si on les implique les femmes de toutes les régions attaquées, un changement considérablement va être constaté », promet la jeune invitée. En plus, elle insiste sur la nécessité pour le gouvernement de couvrir le territoire. « Il faut qu’on sente la présence de l’Etat. Quand on voit les zones où les jeunes sont plus enrôlés, c’est là où on ne sent pas la présence de l’Etat. C’est l’absence de l’Etat qui a permis tout cela », insiste Rokiatou.

Paz Hien quant à lui estime qu’il faut assurer l’éducation à tous les enfants, les former et surtout leur trouver un travail. Si cela est fait, ils seront moins oisifs dans ces zones précaires et ne courront pas le risque d’être enrôlés par les groupes terroristes, présage Paz. L’invité fait également un plaidoyer en faveur de l’implication des jeunes dans la gouvernance. « Les deux camps utilisent les jeunes. Nous les jeunes sommes plus affectés par cette crise que ce soit du camp des bons ou des mauvais. Ceux qui sont sur le terrain, qui tuent, ce sont des jeunes. Il faut aujourd’hui impliquer les jeunes au maximum parce que nous sommes les victimes », suggère-t-il.

Salif Zongo lui préconise que les autorités séparent les questions politiques de celles en lien avec la sécurité des Burkinabè.

L’intégralité de Ya’Débat sera diffusée ce 3 juillet  dans le grand débat à 9h sur l’ensemble du réseau des radios partenaires de Studio Yafa.