Après 20 ans de carrière professionnelle dont 5 en tant qu’infirmière d’Etat et 15 dans une ONG, Habibou Sawadogo a définitivement rangé la seringue pour se consacrer à l’élevage des porcs depuis 2020. Un pari qu’elle ne regrette pas.
Ouagadougou, alors que les premiers rayons du soleil tentent de percer les nuages chargés, Habibou Sawadogo s’engouffre dans son véhicule. Direction Ziniaré où elle tient une porcherie. Après 45 minutes de route, elle gare sous un arbre. Nous sommes à la ferme agro écologique de Nakamtenga. Depuis 13 ans, elle parcourt ce trajet deux fois par jour. Au moins du lundi au vendredi.
Une fois dans sa ferme, Habibou enfile un gilet et porte des sandales médicales au préalable désinfectées. Habibou est très rigoureuse sur ce point car cela y va de la santé des porcs. Dans le Box A appelé la maternité, se trouvent les porcs en gestation. Une fois à l’intérieur, les grognements s’amplifient. Les porcs semblent avoir reconnu la voix de la propriétaire.
Passion et spécialité
A 49 ans, Habibou Sawadogo, se dit satisfaite de l’activité qu’elle mène depuis 2010. Très famillière avec les animaux, Habibou se rappelle de son enfance où elle veillait au quotidien sur les moutons et poulets. «C’est de là qu’est né mon amour pour l’élevage » dit-elle. Infirmière de formation, Habibou dispose d’environ 500 têtes de porcs à la date du 6 août 2023 et emploie quatre personnes à temps plein et huit contractuels.
Habibou élève principalement quatre races de porcs. « Le large white », « le duroce », « le piétrain » et «le landrace » qu’elle a obtenues à partir de croisement. Son choix sur le porc n’est pas fortuit. De Ouagadougou à Abidjan en quête du savoir, elle bénéficiera de formations spécialisée et visitera des fermes à succès dont la plus grande en Côte d’Ivoire. « J’ai rencontré Germain Nawoya, l’un des plus grands éleveurs de porcs en Côte d’Ivoire. Après quelques jours dans sa ferme, mon choix était fait », se rappelle Habibou.
Un exemple de persévérance
La ferme agroécologique de Nakamtenga est une référence dans l’élevage au Burkina Faso. Chaque année des dizaines d’élèves issus d’écoles privées et de l’Etat viennent pour des stages. Eveline Nikiéma, élève technicienne d’élevage est venue de Ouagadougou pour un stage de trois mois dans le cadre de son projet de mémoire de fin de cycle.
Pour la jeune fille, travailler avec Habibou est passionnant. « Elle aime vraiment ce qu’elle fait et cela se voit lorsqu’elle vient dans la ferme et l’attention qu’elle accorde aux porcs. En plus de cela, c’est un excellent mentor car elle est toujours disponible et nous donne de bons conseils » confie l’étudiante.
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Jean Baptiste Kogo, un autre stagiaire, s’est vu confier la responsabilité du Box B. Son travail, veiller sur les porcs et faire un retour à Habibou en cas de maladie ou de problème qui surviendrait dans la ferme. C’est une bonne expérience pour le jeune qui rêve également d’élever les porcs.
« Ici, c’est plus de la pratique et tout ce que je fais va m’aider à bien gérer ma ferme puisque je souhaite suivre les pas de Habibou » dit-il. Outre l’élevage, Habibou dispose également d’un champ de trois hectares sur lequel elle fait l’agriculture biologique.
Le porc, un business rentable
En neuf mois, le porc peut mettre bas deux fois contrairement à certains animaux comme la vache dont la gestation peut durer neuf mois. « Avec le porc, vous pouvez avoir quinze ou seize porcelets par mise-bas» dit-elle. Le porc est un business rentable selon Habibou. « Chaque mois, je peux générer 3,5 millions de FCFA de bénéfices et parfois même plus » confie-t-elle.
En 13 ans, la porcherie de la dame attire de nombreux clients. Parmi ceux-ci, « il y a ceux qui achètent les porcelets pour commencer l’élevage, il y a les charcuteries et aussi les vendeurs de porc de four » cite-t-elle. À l’en croire, la demande est forte sur le plan national.
« Dans le mois, je peux vendre 250 porcelets et le porcelet coûte entre 25 000 et 35 000 F CFA. Ma plus grosse commande de l’année c’était 600 porcelets » a-t-elle soutenu. L’éleveuse reçoit également des commandes de Burkinabè vivant à l’étranger qui souhaitent investir dans le secteur au Burkina Faso.
Faïshal Ouédraogo (Collaborateur)