Bomavé, Trésor humain vivant : il respire la nature et vit son art
Bomavé sculptant une pintade (Ph. Studio Yafa)

Bomavé, Trésor humain vivant : il respire la nature et vit son art

Connu à travers le monde entier comme un sculpteur, Bomavé Konaté est aussi un amoureux de la nature. Mieux, il fournit de quoi se soigner à travers les nombreuses plantes de son jardin. Il est partagé donc entre son art et son jardin.

A l’observation, il apparait un gros contraste entre le métier et la vie du Trésor humain vivant, Bomavé Konaté ! Sculpteur, il travaille le bois pour créer des masques, des statuettes, des animaux et différentes autres choses. C’est dire donc que le bois est sa matière première. On s’attend à ce qu’il coupe des arbres pour sa sculpture. Mais, non, chez lui, il montre un tronc, un kapokier, qu’il utilise depuis cinq ans, selon ses dires.

Bomavé Konaté dans sa forêt (Ph. Studio Yafa)

A côté de cela, et le plus étonnant, c’est que le sculpteur a la main verte. On peut constater cela à son domicile qui est en même temps son atelier, au secteur 1 de Boromo. Dès l’arrivée, ce sont les cris des oiseaux qui vous accueillent. Son domicile est en plein centre de la ville, et pourtant l’on se croirait dans une forêt. Des arbres de plusieurs sortes couvrent le ciel. A l’entrée du jardin, un micro climat à la senteur d’un mélange de parfums des fleurs et aussi des plants.

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Sur une parcelle estimée entre 400 et 500 m2, selon les estimations de Bomavé lui-même, une bâtisse qui lui sert de domicile à droite et tout le reste est occupé par les arbres et aussi par un espace réservé à la pisciculture et à l’élevage de lapins. Une forêt, une salle d’exposition ! L’une ou l’autre appellation, le tout convient, du fait qu’il y a aussi des masques et des statuettes accrochés dans sa maison, sous l’auvent et partout à son domicile. Il respire la nature et vit son art qui semblent le lui rendre bien. En effet, élevé au rang de Trésor humain vivant par le ministère en charge de la Culture du Burkina, Bomavé (« qui signifie quelque chose qui ne finit pas » en Bwamu), c’est plusieurs expositions et diverses reconnaissances à travers le monde.

Le directeur provincial de la Culture des Balé, Seydou Bagayan (Ph. Studio Yafa)

Son domicile est une pharmacie à ciel ouvert qui reçoit des visiteurs qui viennent demander qui des feuilles, qui des fleurs et autres dérivés pour se soigner ou pour autres chose. Il explique : « Il y a beaucoup de gens qui viennent demander les plantes, même les feuilles pour aller se laver ». Prenant des exemples, le sculpteur à la main verte fait savoir que « le radis est bon pour le foie, ça purge le foie. Le pois bleu c’est pour la peau, la vieillesse. Ce sont les fleurs qu’il faut mettre dans de l’eau et tu bois. Il y a des lianes. C’est la vitamine C non excitant. Il y a le citron aussi qui est de la vitamine C, mais ça, ça excite. Il y a des papayes qu’on peut manger », a-t-il développé.

Le natif de Oury tient à la sauvegarde de la nature

Le Trésor humain vivant regrette le fait qu’il y a souvent en brousse, la disparition de certaines plantes. Il confie prendre cela en compte dans les espèces présentes dans son jardin. Et il le dit avec fierté: « Dans mon jardin, on peut se soigner, on peut avoir de quoi manger et il y a aussi de l’ombrage ».

L’environnement de vie de Bomavé est rempli de ce genre de masque (Ph. Studio Yafa)

Le natif de Oury tient tellement à la nature et à sa sauvegarde qu’il garde certaines de ses cours vides, alors qu’il aurait pu les mettre en location. Les raisons ? « En général, quand tu vois une parcelle où il y a beaucoup d’arbres, ça m’appartient, même si je ne loge pas là-bas. Les gens veulent louer, mais ils ne vont pas prendre soin des arbres, ils vont tout couper. Chez moi, ce n’est pas la location qui compte, ce sont les arbres », raconte le vieil homme, la soixantaine révolue, mais qui se tient sur un pied pour nous montrer combien il est en pleine forme.

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L’un des frères du sculpteur apprécie quelqu’un qui n’est pas méchant. De l’avis de Izimi Konaté, 40 ans, aux côtés de son ainé Bomavé, depuis ses huit ans, refuse de reconnaitre des défauts à celui dont il s’inspire et qu’il trouve ouvert à tout le monde, ajoutant même ne l’avoir jamais vu fâché. Que des honneurs aussi venant de son oncle Yézouma Konaté, avec qui il travaille depuis près de 40 ans. « Bomavé, c’est quelqu’un d’intelligent et de bon. On travaille ensemble et il me montre les choses et corrige les défauts. Il n’y a rien de difficile dans le travail avec lui. Tout est bien chez lui. Il a un bon comportement. Il n’est pas méchant », raconte le vieil homme jetant des regards à l’endroit de son neveu devenu Trésor humain vivant.

Le client devenu ami de Bomavé, Mamadou Yé, dévoile un artiste très humble qui a des idées pour beaucoup de chose avec le fer, la terre et le bois.

Bomavé a un rôle social 

Le directeur provincial de la Culture, des Arts et du Tourisme des Balé, Seydou Bagayan, va plus loin pour brandir Bomavé comme un trophée provincial. Engagé, dans ses propos, à faire la promotion des valeurs culturelles de sa zone de couverture, Seydou Bagayan avance qu’il est impossible de parler de culture dans la région de la Boucle du Mouhoun, sans parler de Bomavé.

Selon ce dernier, le jardin du sculpteur démontre la proximité qu’il peut y avoir entre son activité culturelle et l’environnement qui est à préserver. Il dit tout le bien qu’il pense d’un homme « bien inspiré, bien instruit ». Il lui trouve aussi un rôle social : « Avant d’être ce qu’il est aujourd’hui, c’est un forgeron et tout le monde connait la place du forgeron dans notre société : c’est un médiateur, un guérisseur par moment et a plusieurs autres capacités. Par exemple il est efficace pour le produit contre les morsures de serpents et bien d’autres ».

Boureima Dembélé