Des étudiants cultivateurs à la cité universitaire de Kossodo

Des étudiants cultivateurs à la cité universitaire de Kossodo

A Ouagadougou, au sein de la cité universitaire de Kossodo, certains étudiants utilisent les espaces inexploités pour des activités agricoles. Depuis 2019, cette initiative s’est instituée en tradition leur permettant de profiter de la saison pluvieuse pour cultiver la terre. L’arachide est la spéculation la plus prisée par ces étudiants cultivateurs.

Une ambiance habituelle à la cité universitaire de Kossodo, au nord-ouest de la ville de Ouagadougou. Elle est la plus grande cité universitaire du Burkina Faso avec près de deux mille étudiants. Sous des arbres, certains étudiants ont le nez plongé dans leurs cahiers, d’autres s’empressent de rejoindre le dernier bus en partance pour l’Université Joseph Ki Zerbo.

Derrière quatre bâtiments juxtaposés, des champs d’étudiants, étendus sur plusieurs hectares. On y voit des rangées de plants d’arachides, de maïs, de mil et de sorgho. Le sol est rougeâtre et caillouteux, mais les cultures semblent bien se porter.

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Dans son périmètre, l’étudiante en science économique, Nathalie Nana est accroupie. Le visage étiré par la fatigue, la jeune fille est affairée à déraciner des arachides semées il y a quelques mois.  Elle ne peut pas rentrer chez elle pendant les vacances, alors elle consacre ce temps-là au champ ici.
« Je suis du centre nord. Actuellement, c’est difficile. On ne peut pas rentrer. Pour ne pas passer les vacances à ne rien faire vu qu’on ne peut pas aider les parents au village, on consacre ce temps-là au champ ici », explique Nathalie.

Quelques mètres plus loin, Arouna Zabré a fini de récolter avec l’aide de ses amis. Sous un arbre, ils conversent tout en grignotant quelques grains. Cet étudiant en Génie civile exploite cette sa superficie depuis 2019. Le jeune homme a eu cette idée en voyant des terrains inoccupés à la cité universitaire.

« Lorsque je suis arrivé en cité universitaire, j’ai constaté qu’il y a des terrains inoccupés. Ensuite, l’idée est venue vu que la plupart d’entre nous, pendant les vacances, mis à part les concours on ne fait rien d’autre. C’est pour cela que j’ai voulu faire le champ », raconte Arouna.

Un moyen de soutenir les parents

Depuis lors, le jeune homme s’investit à dans le but d’augmenter ses maigres ressources pendant la saison pluvieuse qui coïncident également avec la période des grandes vacances.

Ces travaux champêtres sont un moyen pour ces étudiants de se faire des revenus. Sans incidences sur leurs études, rassurent-ils. Par exemple, le commerce des feuilles d’arachides permet à Nathalie d’assurer une partie de ses besoins.

« Après avoir récolté les feuilles, si ce n’est pas mouillé par la pluie, je peux avoir 25 mille francs CFA à la vente », explique cette étudiante. Pour ce qui concerne les arachides, le sac de 100 kg est vendu à 15 mille francs CFA.  Cela lui permet d’envoyer un peu d’argent à la famille resté au village. « Puis, le reste, je prends ça pour gérer mes besoins ici », poursuit Nathalie.

Des initiatives à encourager

Ces étudiants disent avoir pris goût à cultiver autour de la cité universitaire de Kossofo. Mais ce n’est pas aussi simple. La principale difficulté pour ces étudiants dans cette activité agricole porte sur la rudesse du sol. En plus, ils ne bénéficient pas de semence amélioré plus adapté et plus rapide.

Mohamed Sakho membre du bureau du comité de gestion de cette cité universitaire, est admiratif sur leur génie et leur courage. « En tout cas moi, je ne peux que les encourager. Et ils prouvent que ce que les gens disent de mauvais sur nous les étudiants, ce n’est pas vrai », estime-t-il.

A travers cette initiative, ces étudiants prouvent également que l’agriculture n’est pas incompatible avec les études. Ils espèrent que cela pourra inspirer des jeunes dans l’exploitation des terres

Lagoun Drabo

Stagiaire