Elie Sawadogo, l’enseignant à la formule magique
Elie Sawadogo parmi ses élèves (Ph. Studio Yafa)

Elie Sawadogo, l’enseignant à la formule magique

Élie Sawadogo est un jeune professeur d’anglais au lycée départemental de Toeghin , situé dans la province du Kourwéogo, dans la région du plateau central. Son approche particulière dans le partage du savoir et sa détermination ont porté fruits. Pour preuve, il a cumulé des exploits tout au long de sa carrière professionnelle. Ce qui lui a valu une décoration comme étant le meilleur professeur d’anglais du Burkina Faso. Il s ’est déjà fait repéré par les autorités. Il inspire de nombreux élèves à apprendre cette langue étrangère. Avec ses exploits ce détenteur du savoir est une boule d’énergie et suscite l’admiration de plus d’un.

Nous sommes Mardi 19 décembre 2023, période des calculs de moyennes dans les lycées. Vêtu d’une chemise de couleur violette, une montre au poignet, Elie Sawadogo, la quarantaine, nous accueille devant sa classe. Du haut de son 1m70 environ, l’enseignant, teint un peu clair, nous amène dans la classe de 5e. Le seuil de la classe franchi, des posters avec des écritures en anglais attirent notre attention. Les élèves assis en tenue kaki, écoutaient attentivement leur enseignant. Suspendus aux lèvres de leur professeur, ces élèves semblent ne pas voir pas le temps passer. Soucieux de la réussite de ces enfants, Elie Sawadogo reste focus sur son objectif : amener ces élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Enseignant dans une zone de conflit

Elie Sawadogo, est dans l’enseignement cela fait maintenant 12 ans. Bien que cela soit une passion pour lui depuis son plus jeune âge, il s’est inspiré de ses encadreurs et décide donc d’emboîter leurs pas. « J’ai aimé l’enseignement dès l’école primaire, parce que j’ai eu des enseignants modèles. Cela a continué au secondaire et même à l’université », relate-t-il. Après son parcours universitaire, ce fervent apprenant décide d’expérimenter d’autres horizons. Il devient volontaire national au lycée provincial de Titao en 2011 et au site des réfugiés de Bane, en 2012. Une expérience qui a renforcé son amour pour ce métier, malgré les difficiles conditions auxquelles il a fait face. « Quand on aime quelque chose, là, forcément, là, on va y mettre du prix. Si ce n’est pas parce que j’aimais l’anglais, je n’aurais pas pu faire ça», dit-il, avec un léger sourire. Il poursuit en disant que dans cette zone, tout enseignant renonçait à y aller par peur. Mais lui, malgré la peur il s’y est rendu.  « J’avais peur, est-ce que j’allais pouvoir y arriver mais avec la passion on finit par arriver au bout. J’ai fait le volontariat national là-bas, pendant toute l’année scolaire », explique-t-il.

Le sens de la responsabilité

Après ces aventures, il a décidé de procéder différemment dans sa manière de dispenser ses cours. A cet effet, il se retrouve au lycée départemental de Toéghin  en 2015. Avec 9 ans de carrière dans ce lycée, sa capacité originelle a suscité l’engouement et l’amour de l’apprentissage chez les enfants. Suite à cela il est vite repéré par l’Etat, et est décoré comme le meilleur professeur d’anglais dans la région du Plateau central et du Burkina.« Je ne m’attendais pas à ça, vu le nombre  d’années d’expérience dans l’enseignement. C’était au vu de mon travail sur le terrain que mes supérieurs m’ont approché », dit-il tout enthousiaste. Il poursuit en expliquant comment il a été soutenu par ses collègues.

Enseignant et bienfaiteur

Elie incarne l’éducation, guidant avec passion et fermeté le destin académique de ses élèves. Plusieurs de ses collègues rendent un témoignage saisissant de ses bonnes œuvres.  Le professeur de français au Lycée départemental de Toéghin, M. Ouédraogo, qui se trouve être le délégué du personnel dudit lycée raconte : « Il y a plein dexemples. L’exemple le plus remarquable c’est le fait que souvent il est avec ses élèves, il leur donne des conseils. Aussi, il est généreux. », argue-t-il fier d’être un proche. Il poursuit en confiant l’histoire d’un élève dans le besoin et qui a bénéficié de la bonté de Elie. « Si je me rappelle très bien, il a posté un enfant qui était dans des conditions difficiles, qui voulait même abandonner les études, et grâce à son intervention, cet enfant a eu de l’aide, parce qu’il a eu à faire des publications concernant cet enfant, dans les situations difficiles sur les réseaux sociaux. Et des personnes de bonne volonté ont participé en donnant des livres, et bien des effets », dit-il en ajoutant que Elie Sawadogo mérite son prix, et que c’est un exemple à suivre pour les autres collègues.

Le proviseur, Rodrigue Tapsoba, va dans le même sens que son prédécesseur. « Vraiment ça a été un sentiment de satisfaction. Le peu de temps que j’ai pu être avec M. Sawadogo, vraiment il n’y avait pas quelque chose de contraire à dire. C’est un prix vraiment mérité. », relate-t-il tout content à la place du bénéficiaire du prix.

Se connaissant depuis deux ans , pour Nadège Bonkoungou, professeur de SVT, Elie est un très bon enseignant.  « Il aime le travail bien fait, on l’apprécie beaucoup pour cela. Il le mérite, et nous sommes vraiment contents pour lui. Et nous souhaitons que le Tout Puissant puisse davantage bénir sa carrière. » a-telle souhaité.

L’astuce de Elie Sawadogo

Pour faciliter l’apprentissage de ses élèves, il met en place des stratégies pour susciter l’envie d’apprendre à ses élèves. « Souvent lors de mes cours, je fais des projections. Aussi j’attribue des attestations de mérite aux élèves brillants. Ceux qui ont de bonnes notes bénéficient d’étoiles en guise de félicitation ».

Satisfait de cette technique, plusieurs élèves se voient dans l’avenir aller aux USA. Ces élèves se donnent à fond pour se surpasser. C’est le cas du chef de classe de la 5e, Norbert Compaoré . A l’écouter, M. Sawadogo est un modèle pour lui et il espère voyager comme lui. « Vraiment, notre professeur là, il n’y a pas son deux. Il explique bien son cours, en plus il nous fait des attestations de mérite, et aussi il nous parle des Etats Unis. C’est ce qui nous motive, aussi il nous a dit que si nous travaillons bien un jour nous irons là-bas », confie-t-il.

 Malgré toutes ces performances, il y a toujours des obstacles. Ne disposant pas d’électricité dans les classes, il est encore difficile de tout montrer aux élèves lors des projections.

« Il y a un problème d’électrification. Quand il y a des choses technologiques à faire avec les élèves cela les amuse et cela fait avancer l’apprentissage. Mais je ne peux pas faire cela ici. J’ai fait le plaidoyer auprès de l’Administration, mais il y a un problème de moyen. », regrette-t-il tout triste.

Carolle Kady Ouattara (Collaboratrice)