Faraway au Burkina : « Ceux qui ont vu et qui n’ont pas dénoncé ont contribué au drame de Gongombiro »©Studio Yafa
Une moto incrustée dans un arbre calciné après l'explosion de Gonbombiro

Faraway au Burkina : « Ceux qui ont vu et qui n’ont pas dénoncé ont contribué au drame de Gongombiro »

Burkina : Sud-Ouest, l’or ou la mort… (4/4). Les drames humains et environnementaux occasionnés par l’orpaillage sont la conséquence d’utilisation de substances interdites sur les sites: le faraway et le cyanure. Il y a pourtant au Burkina Faso, une agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et semi mécanisées(ANEMAS). Son chef de bureau de la ville de Gaoua, Zoumana Barro avoue presque l’impuissance de la structure dont l’un des objectifs est de contribuer à assurer une meilleure sécurité sur les sites d’orpaillage.

Studio Yafa : Parlez-nous du faraway, comment est-il utilisé sur les sites d’orpaillage ?

Zoumana Barro : Il faut d’abord situer le contexte. L’utilisation des explosifs sur les sites artisanaux est strictement interdite par la règlementation : le code minier et la loi 051 (Ndlr Portant fixation du régime des substances explosives à usage civil au Burkina Faso).

C’est interdit, mais la réalité est là. Ces produits sont utilisés sur les sites. Comment vous pouvez expliquer cela au niveau de l’ANEMAS ?

Il faut noter qu’en attendant la révision des textes pour s’adapter aux réalités du terrain, on doit travailler avec la règlementation en vigueur qui interdit l’utilisation de ces explosifs. Normalement, l’importation de ces produits explosifs est soumise à une autorisation préalable.

Tous ceux qui disposent de ces produits sur les sites n’ont pas une autorisation d’importation, ni une autorisation de stockage, encore moins une autorisation de transfert. Mais comment ils arrivent à disposer de ces produits ?

C’est une question qui nous interpelle tous. Tous les acteurs doivent s’impliquer à tous les niveaux pour remédier à ce fléau qui crée beaucoup de dommages sur les sites. Le dernier cas, c’est celui de Gongombiro qui a été très dramatique.

Justement cet incident montre la complexité du problème. L’importation est certes interdite, mais les orpailleurs arrivent à avoir ce produit dangereux. Au-delà des textes, qu’est-ce qui peut être faire ?

Il faut dire que ce qui est impératif, c’est de maximiser sur le contrôle, surtout la sécurisation des sites artisanaux pour avoir le contrôle de ce qui s’y passe. Il faut aussi dénoncer la complicité de certains acteurs. Si on prend le cas de Gongombiro, on ne pouvait pas avoir de telles quantités d’explosifs stockés, de surcroit dans une zone d’habitation, sans que les gens ne soient au courant.

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Mais personne n’a eu le courage de dénoncer. Donc en partie, tous ceux qui ont vu et qui n’ont pas dénoncé ont contribué à ce que le drame survienne. On invite les gens à signaler aux forces de défense et de sécurité dès qu’ils voient ce genre de dépôts, pour qu’elles prennent les mesures qui siéent en vue de prévenir de tels drames.

Dans cette logique de prévention est-ce que l’ANEMAS a une possibilité de sanction, en ce qui concerne l’importation et l’utilisation du faraway ?

Pour être clair, l’ANEMAS constate. Si le site a un responsable, l’ANEMAS attire son attention afin qu’il prenne des mesures en vue d’éviter d’éventuels drames. Si le responsable ne prend pas de mesures, cela peut entrainer le retrait de son autorisation et la fermeture du site.

Martin Kaba
Tiga Cheick Sawadogo