Burkina : le calvaire des filles-mères
Beaucoup de filles-mères sont rejetées pas leurs familles

Burkina : le calvaire des filles-mères

Etre fille-mère n’est pas aisée au Burkina. Encore plus si l’auteur ne reconnait pas la grossesse. Beaucoup de jeunes filles ont été bannies de leurs familles pour avoir contracter une grossesse avant le mariage. Les plus chanceuses sont accueillies à l’hôtel maternel, un centre de l’Action social à Ouagadougou.
 
Depuis quelques jours Lassi (nom d’emprunt) vit avec son nouveau-né à l’hôtel maternel. L’air perdu, son bébé dans les bras, Lassi parle de son quotidien. Un quotidien rythmé de soupire et de profondes réflexions depuis ce jour, où elle n’a pas vu ses menstrues. Enceinte, et après avoir été rejetée par son compagnon, elle a été bannie de sa famille. Lassi est en effet issue d’une culture qui ne tolère pas qu’une fille tombe enceinte avant le mariage.  »On  m’a   dit  que   je   ne  pouvais   plus  avoir  accès   à  la   cour   familiale. Mon  retour  est  conditionné par  la   reconnaissance   de paternité de  mon  enfant ’’ dit-elle  à voix basse. 

Lassi  brave l’adversité en  s’occupant  seule de  son  bébé.  »Je  vais  m’occuper de mon  enfant  jusqu’à ce qu’il grandisse. Si un jour son  père   vient  le  réclamer,  je le ferai convoquer  à  l’action  sociale’’, affirme-t-elle.  Mais  cette  volonté   manifeste  d’élever  seule  son  enfant se   termine   la   majeur  partie   du  temps    »en  queue   de    poisson’’,  selon Younga Salifou,  directeur   général  de   l’hôtel  maternel  de   Ouagadougou.
« Les  filles sortent souvent  de   ce   centre   sans  connaitre   l’auteur  de  leur   grossesse,  cela  veut  dire  que   les   enfants   risquent  de  vivre  une  situation  difficile’’, explique-t-il. 
 
Mathilde, une autre  anonyme, loin  de rejeter  la  faute   sur la   tradition,  assume en  silence,  le poids de  la solitude  derrière un sourire. Un sourire qui  cache mal  son  trouble.  » C’est  une   bonne  tradition, parce   que   nous   ne nous sommes  pas  mariés  avant  d’avoir  des  enfants. Ce  n’est  pas  de   leur  faute,  c’est  la  nôtre’’ se convainc-t-elle.

Aujourd’hui bannie  par  sa famille,  Mathilde   regrette  pourtant  de n’avoir   pas  pris des précautions dans  le cadre  de  sa   vie sexuelle.   » Quand  nous   étions  jeunes   filles,  nous  n’allions   pas   à  l’hôpital.  C’est  après  la   grossesse,  que   l’on  nous   a  parlé   de  la   planification  familiale. Trop  tard’’  regrette-elle.  Pour  éviter  de  subir le  poids  de  la   tradition, ces jeunes   mamans invitent à  plus d’encadrement  des jeunes filles sur   le plan  sexuel.  Avant  un retour en  famille conditionné  par  la médiation  de l’hôtel  maternel, ces filles-mères restent dans l’incertitude.