Gaoua: La tradition du balafon en sursis©DR
Le mausolée de Nani Palé, célèbre balafoniste du Sud-Ouest

Gaoua: La tradition du balafon en sursis

Dans la tradition lobi, peuple de la région du Sud-Ouest du Burkina,  le balafon, appelé bala ou balani est présent à tous les instants de la vie. Pour les mariages, baptêmes ou funérailles cet instrument de percussion idiophone joue un rôle important. La musique émise dépend de la cérémonie et les initiés savent déterminer le type de cérémonie au seul son du balani. 

Il est 10 h dans la famille Youl, au secteur 3 de la ville de Gaoua. Orpailleur, le chef de famille Sami Damate est aussi balafoniste à ses temps libres. Il explique qu’aux cérémonies funéraires, le balafon n’est pas tenu par n’importe qui, et les sons émis doivent respecter certaines normes. C’est avant tout, le joueur du balafon du village du défunt qui donne ton.

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« Quand nous jouons le son clanique, ça explique les descendants, ça veut dire que ce dernier qui n’est plus de ce monde-là ; il appartient à telle famille. C’est ce qui fait par exemple que moi en tant que Youl si de loin j’entends ce son, immédiatement je me rends compte que c’est un Youl qui est décédé. Même si je n’avais pas l’intention d’y aller, je suis obligé d’effectuer le déplacement parce que c’est comme un parent proche qui a rendu l’âme », poursuit Youl Sami.

Environ 35 ans, Youl Sami est un initié. A plusieurs reprises, il a joué des sons funéraires avec son balafon. Et quand le cas se présente, il faut jouer deux types de sons, indique-t-il. L’un pour implorer le défunt et les ancêtres pour leur protection tout au long du déroulement des funérailles, et l’autre au début des funérailles très tôt le matin pour rappeler les bons moments passés avec le défunt de son vivant.

Une tradition en manque de relève 

Tous les sons émis sont entendus par le défunt, croit savoir Youl Sami. Le regretté sait que sa communauté est à ses cotés, alors qu’il passe dans un autre monde. Le message est aussi adressé aux ancêtres. « Nous leur rappelons qu’on est là pour respecter les cultures et traditions. Donc s’il y a un obstacle qui peut empêcher le balafoniste, que les ancêtres le protègent. Quand les choses se passent ainsi, le corps qui est là est même disposé à expliquer les raisons de son départ de ce monde », note le jeune balafoniste.

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Des jeunes balafonistes comme Youl Sami deviennent de plus en plus rares. Les anciens craignent pour la relève. Un pan important de la tradition lobi est en sursis lancent certains vieux, comme un appel au secours.