Burkina:  Issaka Siemdé, profession crieur public à Koudougou
Issaka Siemdé (micro en main) est incontournable dans les actions de communication à Koudougou

Burkina: Issaka Siemdé, profession crieur public à Koudougou

Si vous êtes à Koudougou, vous avez certainement déjà croisé ce véhicule sur lequel sont dressés des haut-parleurs. C’est celui de Issaka Siemdé, alias Tout Neuf. Connu pour être le crieur public de la ville, il sillonne les 10 secteurs, et 10 marchés pour annoncer des événements, passer des messages. Plus de 16 ans de métier et toujours la passion et l’enthousiasme pour le cinquantenaire.

Sonia Zongo est membre d’une association qui a une activité dans quelques jours. Pour passer le message, il y a plusieurs canaux, mais l’association a choisi de venir vers Issaka Siemdé. Avec lui, le message passera, la cible sera atteinte à coup sûr. Les collaborations précédentes ont convaincu Sonia à revenir.

Tout Neuf pendant un cross populaire

 « L‘activité que nous organisons prend en compte toutes les couches sociales. On ne peut pas mener une telle activité sans passer par ce monsieur. Raison pour laquelle nous sommes ici pour demander son accompagnement comme d’habitude. On travaille avec lui depuis des années » dit-elle avec fierté.

Une expertise reconnue

Dans ce local qui lui sert de bureau, Issaka Siemdé dit Tout Neuf est en pleine conversation avec un partenaire. Vêtu d’un complet bleu et coiffé d’un bonnet blanc, dans quelques instants, il compte sortir pour arpenter quelques artères de la ville. A bord de son véhicule, les hauts parleurs distillant le message à coup de décibels C’est le quotidien de Tout Neuf depuis 2008.  « Quand je sors, c’est pour mobiliser la population. Souvent des gens me remettent des flyers. Dans ce cas, si je sors, je passe dans les marchés et je les distribue. Ça permet d’informer le public et vous constaterez le jour de l’évènement que tout Koudougou est mobilisé » explique le cinquantenaire.

L’homme raconte qu’au début, quand il a eu cette idée de sillonner la ville, il n’imaginait pas que son action prendrait autant d’envergure. Au regard de l’impact de son initiative, les autorités municipales finiront par solliciter ses services.  « La mairie m’a contacté pour être animateur de la radio du marché. Je rappelle aux commerçants de payer leur loyer car le marché c’est pour nous tous », précise-t-il, avec une fierté non dissimilée.

Tout Neuf s’est depuis formalisé pour donner plus de crédit à son initiative et surtout pour participer pleinement à la construction de sa ville. «  Je paie les autorisations, j’ai un numéro IFU et je paie aux impôts. Je suis à jour, je peux vous le fournir et les autorités sont au courant », clame-t-il de vive-voix.

Un patrimoine communal

Souvent sans le connaître physiquement, Tout Neuf est entré dans les cœurs des Koudougoulais, qui reconnaissent sa voix, son véhicule. Un patrimoine dont la voix berce plusieurs générations. Le Président de la délégation spéciale de Koudougou, reconnaît que Issaka Siemdé rend un grand service à toute la collectivité tout en respectant la législation.

«C’est une question d’efficacité qui fait que beaucoup de structures se retournent vers le crieur public, Tout Neuf. Lorsque quelqu’un a un évènement public, il s’assure d’abord que celui qui lui demande le service a déjà l’autorisation de la collectivité pour tenir son activité avant qu’il ne puisse sortir faire la publicité comme il sait si bien le faire », se réjouit le Président de la délégation spéciale de Koudougou.

Conscient que la communication de masse peut avoir des revers si les messages véhiculés vont à l’encontre des intérêts de la communauté, Issaka Siemdé se rassure avant toute exécution de marché. Il note que certains viennent le voir pour qu’il passe des messages alors qu’ils n’ont aucun document qui leur donne cette autorisation: «Je n’apprécie pas du tout cela car ça cause souvent des problèmes. Dans ce cas, même si vous me proposer plus de 50.000 FCFA, je ne suis pas prêt à sortir parce que vous n’avez pas d’autorisation pour faire votre évènement » rassure le crieur public.

Réputé être un bon sapeur, le crieur public dit ne pas porter le même habit deux fous dans la semaine d’où le surnom  »Tout Neuf ».

Studio Yafa