Procès Dabo Boukari : Le verdict du soulagement à l’université de Ouagadougou©Radio Oméga
Un étudiant arbore un tee-shirt à l'effigie de Dabo Boukari

Procès Dabo Boukari : Le verdict du soulagement à l’université de Ouagadougou

Puis vint le temps de la justice. Pendant des décennies, plusieurs générations d’étudiants ont réclamé « vérité et justice pour Dabo Boukari ». 32 ans après, les sanctions sont tombées contre Gilbert Diendéré, Mamadou Bamba et Magloire Yougbaré. A l’université de Ouagadougou, là où cet étudiant en 7e année médecine avait été arrêté, les étudiants saluent ce qu’ils appellent une victoire après tant d’années d’attente.

Assis dans un groupe, Sylvestre révise avec ses camarades. Le verdict sur le procès Dabo Boukari n’est pas à l’ordre du jour, mais il a été commenté bien avant. Toute la nuit, Sylvestre a fait le pied de grue au tribunal de grande instance de Ouaga II pour suivre les débats et surtout entendre le verdict.

Le jeune homme dit ne pas être totalement satisfait du verdict, par contre, il reconnait que la tenue du procès était déjà une bonne chose pour enfin connaître ce qui s’est vraiment passé en mai 1990. « C’est une victoire pour la structure qui s’est battue pour la vérité et la justice parce que quoi qu’on dise, il y a des noms qui sont ressortis et ces gens-là ne sont plus en vie donc c’est une insuffisance car les accusés en question vont mettre toute la faute sur les personnes qui ne sont plus en vie» déclare-t-il.

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Au-delà du verdict, Sylvestre estime que la justice a joué son rôle, même si elle a mis du temps pour statuer sur ce dossier qui cristallise les positions depuis des années. « Je pense que c’est selon les textes de loi que ces accusés ont été sanctionnés à la hauteur de leurs forfaitures donc je fais confiance à la justice et je pense qu’elle a fait son travail », poursuit le jeune homme qui dit espérer que ce verdict serve de leçon à quiconque pourrait être amené à commettre pareils crimes.

Le prix de la détermination

Le point de vue de Sylvestre est partagé par Abdoul Aziz Soré, étudiant au département d’étude anglophone. Il salue la détermination de l’Association d’origine de Dabo Boukari (Association nationale des étudiant burkinabè) pendant 32 ans pour que la vérité fasse jour.
« Nous prenons le verdict comme une victoire, c’est une étape franchie(…) nous pensons que ça peut nous réconforter nous en tant qu’étudiant » se réjouit le jeune étudiant. Lui également pense que toute la vérité n’est pas sortie à l’issue du procès, à cause de l’absence de certains accusés ou témoins.

La tenue du procès et le verdict prouvent à souhait que nul n’est au-dessus de la loi, penche pour sa part Parfait Aristide Toé, ancien étudiant qui est passé à l’université pour rendre visite à ses camarades. « Il y a des gens dans ce pays qui pensaient être plus forts et puissants que Dieu et maintenant le verdict est tombé », soutient-il.

A l’issue du procès, le Général Gilbert Diendéré a été condamné à 20 ans de prison ferme avec 1 million de francs CFA d’amende pour complicité d’arrestation et de séquestration aggravée. Le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba a écopé de 10 ans de prison ferme avec 1 million de francs CFA d’amende pour complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée. Magloire Victor Yougbaré a également été jugé coupable des même faits. Il est condamné à 30 ans de prison par contumace avec une amende de 5 millions de francs cfa. Un mandat d’arrêt a également été émis contre lui.

Safiatou Zong-Naba (Stagiaire)