Journée sans tabac : De la fumée nocive sur la table de Ya’Débat

Journée sans tabac : De la fumée nocive sur la table de Ya’Débat

Les chiffres interpellent. 4700 décès liés au tabac au Burkina Faso annuellement. Des données de l’Afrique contre le tabac (ACONTA). Ce 31 mai, alors que le monde commémore la journée sans tabac, Studio Yafa a posé le débat sur la fumée qui ronge silencieusement malgré les sensibilisations. Entre le fumeur qui dit trouver un semblant de réconfort dans la cigarette, l’ancien consommateur de drogue qui sensibilise et le docteur qui présente les solutions d’accompagnement, le Ya’Débat de ce week-end était bien chaud.

Mahamadi Compaoré est un fumeur. Sur le plateau de Ya’Débat, il avoue sa dépendance au tabac depuis plus de 20 ans. « Quand je fume, je suis à l’aise. Ça m’aide dans mon travail et quand je ne prends pas, je suis triste », reconnaît-il.

Oskimo au premier plan et Mahamadi Compaoré pendant le débat, mai 2024,©Studio Yafa



« Je ne suis pas d’accord avec lui. Il n’y a pas de raison de fumer », lui répond Oskimo, un autre invité. Artiste musicien, Oskimo est notamment promoteur d’une initiative de lutte contre le tabac et la drogue. Il précise que la porte d’entrée de la drogue, c’est la cigarette, surtout chez les jeunes. Il ne faut pas y toucher et quand on en consomme, par tous les moyens, il faut se débarrasser de cette mauvaise habitude qui nuit à la santé et saigne les poches, insiste-t-il.

Le troisième invité de Ya’Débat, Dr Soumaïla Maïga, semble comprendre Mahamadi Compaoré quand il affirme trouver un brin de bonheur dans la cigarette. « Vous êtes dépendant en réalité. La nicotine joue sur votre cerveau et vous donne l’impression de bien-être. Le besoin va grandissant et c’est la nicotine qui fait cela », diagnostique le pneumologue.

Il n’est jamais tard pour mieux respirer

L’animatrice du débat, Alice Ouédraogo, fait savoir au fumeur que le Burkina enregistre plus de 4700 décès liés au tabac, chaque année. « Ça ne vous dit rien ? », lui lance-t-elle. « Ça m’effraie un peu », rétorque d’un ton calme l’invité qui avoue avoir tenté à plusieurs reprises d’arrêter. Vainement. « J’ai même fait 8 mois sans fumer. Après, j’ai repris. Quand j’ai arrêté, j’ai grossi, il y avait la solitude », explique Mahamadi Compaoré.

Dr Soumaïla Maïga fait un rappel sur le plateau de Ya’Débat : le tabac entraine beaucoup de maladies cardiovasculaires, des cancers. On peut même arrêter de fumer et développer des maladies plus tard. Selon certaines études, il faut attendre 20 ans pour voir les effets du tabac disparaître du corps. Le plateau est calme. Mahamadi Compaoré semble plus inquiet. Alors, il demande au pneumologue s’il y a des produits, des médicaments pour aider au sevrage tabagique.

Absolument, lui répond l’agent de santé. Il suggère à Mahamadi et aux fumeurs qui désirent tourner le dos au tabac de se rendre à l’unité d’aide au sevrage tabagique logée au centre hospitalier universitaire Yalagado Ouédraogo pour une meilleure prise en charge. Ce n’est pas simple, reconnaît le pneumologue, voilà pourquoi il fait se faire accompagner. « La prise de poids est normale parce que vous avez l’appétit après le sevrage. Il faut faire le sport et l’organisme va se réadapter », suggère-t-il à l’invité fumeur.

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Pour Oskimo par contre, tout est une question de volonté du fumeur. « A une période de la vie, tu te rends compte que ça ne t’arrange pas vraiment. Vouloir, c’est pouvoir », dit-il avant de préciser qu’il faut penser à ses enfants, à l’argent qu’on injecte dans le tabac. « J’ai eu un éclaircissement. Ça va m’aider », rassure Mahamadi.

Dr Soumaïla Maïga sur le plateau de Ya’Débat, mai 2024,©Studio Yafa

Dr Soumaïla Maïga souhaite la poursuite de la sensibilisation et la prise de mesures des autorités pour décourager la consommation du tabac. « Absolument d’accord avec la sensibilisation », renchérit Oskimo. Mais elle doit déjà commencer dès le bas âge parce que dans ses tournées de sensibilisation, l’artiste dit avoir remarqué que par effet de mode ou pour faire comme les autres, les jeunes fument très tôt, dès le premier cycle à l’école. Il plaide aussi pour l’augmentation du prix de la cigarette et l’interdiction de la vente au détail.

La suite du débat ce samedi 1er juin 2024 à partir de 10h dans l’émission le Grand rendez-vous sur l’ensemble des radios partenaires de Studio Yafa. 

Tiga Cheick Sawadogo