Musée de la musique Georges Ouédraogo: Témoin des symphonies culturelles Burkinabè

Musée de la musique Georges Ouédraogo: Témoin des symphonies culturelles Burkinabè

Une bonne partie de la culture musicale burkinabè se retrouve dans une salle: Le Musée de la Musique Georges Ouédraogo. A Ouagadougou, ce lieu est un véritable voyage à travers le Burkina de la musique. Aussi, il est un lieu sûr pour conserver la symphonie orchestrée tout le long de l’histoire de la musique du pays.

Fièrement dressé, le bâtiment de deux étages situé sur l’Avenue du capitaine Thomas Sankara à Ouaga, non loin du Lycée Phillipe Zinda Kaboré, cache mal sa silhouette. Avec des formes rondes faites de coupoles, et un toit en forme de dôme, inspiré d’un style architectural du Soudan (selon certaines sources), cette bâtisse construite en bois et en briques abrite le Musée de la musique.

Le musée Georges Ouédraogo met en avant la musique du Burkina Faso, ses instruments et leur rôle au sein des communautés. Patrimoine vivant particulièrement bien orchestré, cette vitrine d’instruments de musique traditionnels reflète la diversité des différents groupes ethnoculturels du pays. Conservateur et restaurateur de musée, Assane Romba est le chef de service des lieux. Il explique que « (…) les instruments de musique ou encore les sonorités liées à la musique traditionnelle burkinabè sont essentiellement les éléments qui constituent le patrimoine du musée », ajoutant qu’il s’agit en fait de tout ce qui « (…) qui concourt à la réalisation de la musique burkinabè et de façon spécifique la musique traditionnelle burkinabè ».

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Ainsi, on y trouve des instruments à vent, à membrane, à cordes ainsi que des idiophones tels que des tambours, balafon, yabara, flûte, harpe-luth…Le conservateur explique que ce sont des pièces qui étaient détenues par les communautés ethnoculturelles du pays et qui sont récupérées pour le musée, souvent achetées, souvent données ou tout simplement réquisitionnées par l’Etat. Il rassure également que ce sont des objets totalement désacralisés qui sont exposés. Assane confie que par an, le musée reçoit entre 1400 et 1500 visiteurs. A l’en croire, en 2023, ce sont 1432 personnes qui ont visité et en 2021, ce chiffre était à 2116.

Des flutes en lieu sûr au Musée de la musique Georges Ouédraogo (Ph. Studio Yafa)

Et ce sont des tableaux présentant des artistes burkinabè de différentes générations qui accueillent les visiteurs. Aussi, sur le sol, des masques sont disposés ça et là. En plus de quelques salles servant de bureaux à l’Administration, le musée dispose, entre autres, d’un hall d’accueil où sont disposés des objets d’art, un magasin, un auditorium (d’une capacité de 50 places), huit salles d’exposition,  une salle audiovisuelle et de lecture et un laboratoire…L’accès aux visiteurs est règlementé.

Un lieu de ressourcement pour des visiteurs

Au titre de ces visiteurs, l’enseignant chercheur à l’Université Joseph Ki-Zerbo, Dr Lassina Simporé qui dit être « content de savoir qu’au Musée de la musique Georges Ouédraogo on peut découvrir un pan de la culture de notre pays. Le musée contribue à l’éducation de la population et à la transmission du savoir à la population », constate-t-il. Amélie Traoré également estime que le Musée Georges Ouédraogo montre une variété du patrimoine musical du pays. « On y retrouve tous les instruments de musique de toutes les ethnies du Burkina Faso », informe-t-elle, déclarant que « c’est vraiment très riche et c’est intéressant de visiter le musée de la musique Georges Ouédraogo ».

La jeune étudiante avec un air joyeux raconte qu’il y a des instruments qu’elle n’avait jamais vus auparavant. « J’entendais parler de ça, mais je ne les avais jamais vus. Le « bendré » par exemple, c’est à la télé que je voyais ça. Il y a aussi le balafon sénoufo que j’ai découvert et que je trouve très différent des autres types de balafon », avoue-t-elle, tout en traduisant sa satisfaction d’avoir pu tester certains instruments de musique exposés.

L’enseignant chercheur et homme de culture, Dr Tionyélé Fayama définit le musée comme un lieu d’immortalisation et de matérialisation d’une culture matérielle et immatérielle de l’humanité, comme la musique. A l’en croire, c’est le lieu pour les nouvelles générations pour se ressourcer et comprendre bien des choses sur leur société. Car pour l’auteur de l’ouvrage « Le Balafon Goin au Burkina Faso : des origines aux fonctions », la musique dans ses rôles définit l’identité des peuples.

En hommage à un précursseur de la musique moderne nationale

A l’origine, le bâtiment qui abrite le musée était le siège de l’Association pour le Développement de l’Architecture et de l’Urbanisme en Afrique (ADAUA) de 1980 à 1990. Il a ensuite accueilli la direction du Patrimoine Culturel de 1990 à 1996. Rénové et réaménagé en septembre 1998, il devient « Musée de la Musique ».

Des pièces du Musée Georges Ouédraogo (Ph. Studio Yafa)

Officiellement, l’acte de naissance du Musée révèle que ce conservatoire de la musique a été créé en 1999. Le chef de service Assane Romba, soutient que « l’idée de création du musée est née autour des années 1998, mais le musée a pris forme le 4 août 1999 ». Il poursuit en précisant que son objectif est « de mettre l’accent sur l’une des dimensions de notre patrimoine culturel, en particulier le patrimoine musical, donc tout ce qui concourt à la réalisation de la musique burkinabè et de façon spécifique la musique traditionnelle burkinabè ».

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Les autorités du pays, dans un « élan patriotique » ont voulu mettre en avant les Burkinabè dans leur propre histoire en 2015, sous la première Transition. Dans ce sens, des espaces culturels ont été désignés pour porter les noms d’artistes burkinabè qui ont marqué l’histoire musicale du pays. C’est ainsi que le Musée de la Musique de Ouagadougou devient « Musée de la Musique Georges Ouédraogo» le samedi 19 décembre 2015.

Georges Ouédraogo, décédé le 2 février 2012, est l’un des précurseurs de la musique moderne burkinabè. Il a commencé, selon des sources, la musique dans les années 1970 avec l’orchestre Volta Jazz. Dans un témoignage, Almamy Becker Ouédraogo acteur culturel , affirme que « c’est par lui que la musique nationale burkinabè a commencé à s’exporter au début des années 70, à une période où le patrimoine musical burkinabè était totalement inconnu à l’extérieur ».

Boureima Dembélé