Ouagadougou, pas simple de vivre dans un quartier « non loti »
L'anarchie règne dans les quartiers non lotis de Ouagadougou

Ouagadougou, pas simple de vivre dans un quartier « non loti »

Dans les quartiers communément appelés « non lotis », les populations manquent des infrastructures de base. Les habitants y vivent dans une promiscuité conduisant parfois à des drames.

Des branchements électriques qui tiennent à peine sur de vieux poteaux en bois usés, dans la zone non loti de Nagrin, quartier situé à la périphérie sud de Ouagadougou. Le non loti, une sorte de quartier sans lotissement où se mettent en place des habitats spontanés en toute anarchie. Nagrin est l’une des zones non loties de la ville de Ouagadougou.

Dans ce quartier dit non loti, des particuliers ont mis en place un système de distribution anarchique et archaïque d’électricité. Mais, cela se fait sans un minimum de précaution. Sambo Zombré, habitant de la zone depuis plus de 10 ans, déplore cette anarchie. « Vous voyez les fils là, ils ne sont pas venus avec de vrai poteaux électriques, c’est du bois. Pendant la saison des pluies, le bois tombe souvent dans l’eau et crée parfois des problèmes » laisse entendre la jeune dame.

Des drames, il y en a eu se souvient dame Zombré : « Il y’a une dame, son enfant est revenu de l’école alors qu’elle était dehors en train de faire la lessive. L’enfant est rentré dans la maison et quelques temps après, il y’a eu un bruit. La dame a attendu le bruit et a accouru. Elle a trouvé l’enfant électrocuté, elle a voulu le sauver en le tirant mais elle a été aussi saisie par le courant. Les deux sont morts sur place ».

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A Nagrin, les infrastructures socio-sanitaires de base sont presque inaccessibles à cause de l’absence de route. Les maisons semblent entassés les unes sur les autres et parfois, ce qui apparait comme une route débouche parfois dans une cours. Fatimata, nom d’emprunt d’une jeune femme qui a requis l’anonymat. « C’est difficile parce que nous n’avons pas de route pour évacuer un malade ou une femme enceinte. Les voies sont étroites et ne permettent pas le passage des véhicules. Nous avons déjà eu un drame. Il y’a deux mois, une dame a voulu accouché et il y a eu un retard d’évacuation et cela a même couté la vie au bébé », explique-t-elle toujours sous le choc.

En saison pluvieuse les voies sont impraticables et des maisons s’effondrent sous la furie de l’eau du fait de l’absence de caniveaux mais aussi parce que les maisons sont construites pour beaucoup avec des briques en terre. La zone non loti de Nagrin est même assimilée aux favelas de Rio de Janeiro où le banditisme est monnaie courante selon Samuel. « Il y’a des délinquants qui nous dérangent, certains quittent même le centre-ville pour venir faire leur banditisme ici. J’avais un petit frère qui était parti pour vendre sa boutique airtel money, mais les bandits l’ont assassiné et se sont sauvés avec son argent », raconte Samuel.

Le manque d’emploi est un autre problème que rencontrent ces jeunes qui se retrouvent dans les vidéos clubs pour suivre des films ou des matchs de football ou encore jouer au dame. Ils espèrent bientôt un aménagement de leur quartier dont des numéros de parcelles ont été attribués. En attendant, ils souhaitent que le minimum soit fait avec la mise en mise en place de canalisation et la fourniture adéquate en électricité.

Depuis plusieurs années, le gouvernement burkinabè a entrepris un projet de restructuration des zones « non loties ».