Rester sur place alors que les zones de pâture subissent les effets pervers du changement climatique ou partir loin de chez soi et devoir faire face à l’insécurité et à la stigmatisation. C’est le dilemme des éleveurs du Burkina, du Mali et du Niger. Le pastoralisme va mal et il faut trouver des solutions pour redynamiser un secteur qui constitue la deuxième mamelle économique de ces pays, proposent des invités au débat organisé à Maradi au Niger, dans le cadre de la co-production des trois médias de la Fondation Hirondelle au Sahel.
Le débat commence par un reportage sur les difficultés des éleveurs au Burkina. De retour sur le plateau, Elh Hassane Baka, Administrateur de la base de l’Association pour la redynamisation de l’élevage au Niger(AREN) à Maradi et Zinder dit se retrouver dans les défis relevés par ses confrères du Burkina.
Au Niger également précise l’invité, le changement climatique, l’accaparement des zones de pâture, les feux de brousse, le vol de bétail, le kidnapping stigmatisation…sont des plaies du pastoralisme qui a pourtant jadis fait la fierté de ces trois États. Au Niger par exemple, le bétail est le 2e produit d’exportation après l’uranium. « La transhumance est en débandade (…) Malgré tout, nous restons optimistes », résume l’invité au débat.
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Un optimiste porté, entre autres, par les conventions entre les trois pays pour faciliter la transhumance. Dans ce sens, Professeur Bodé Sambo, enseignant chercheur à l’université Abdou Moumouni de Niamey relève des synergies existantes entre les trois pays dans le domaine de l’élevage.
Des initiatives qui ont contribué à améliorer la santé animale dans les trois pays, se satisfait pour sa part Dr Dotia Omar, expert en santé animale selon qui, il y a une harmonisation des périodes de vaccination. Un bon point à mettre à l’actif des trois pays. Par contre, il note que le dérèglement climatique a occasionné la résurgence de certains parasites dans le cheptel.
Le quatrième, El jafarou Amadou, lead de la chaine de valeur petits ruminants regrette les conflits entre agriculteurs et éleveurs qui perdurent dans les trois pays, malgré l’existence des textes pour concilier les deux secteurs. La solution pour lui est pourtant simple : il faut revenir aux textes qui définissent la gouvernance foncière et qui tracent des corridors de transhumance. « Là où on peut passer, c’est là où il une forte concentration. Que chacun joue son rôle », dit-il, en s’adressant notamment aux pouvoir publics.
Pour une libre circulation du bétail
Respecter les textes peut-être, mais Professeur Bodé Sambo lui préfère des mécanismes traditionnels de règlement des conflits. « C’est mieux que les textes et c’est ce qui règle mieux les conflits même quand il y a mort d’hommes. Au niveau local, on peut utiliser le cousinage à plaisanterie. La justice doit vraiment être le dernier recours », propose l’enseignant.
En plus de cela, Elh Hassane Baka plaide pour des investissements conséquents dans le domaine pastoral avec la création de plus de couloirs, des parcs de vaccination. Les textes existent, certes, mais sont plongés dans une triste léthargie. Il souhaite aussi l’accompagnement des éleveurs à travers notamment l’information climatique. Cela leur évitera de brader leur cheptel et faciliter la libre circulation du bétail dans la zone de l’Alliance es Etats du Sahel (AES).
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Pour le Professeur Bodé Sambo, les multiples défis du pastoralisme au Burkina, au Mali et au Niger sont une opportunité pour repenser l’élevage en la rendant plus résiliente. Les pays du sahel devraient s’investir selon lui dans la transformation des produits animaliers, la mise en place d’un plan de réponse aux crises récurrentes et l’augmentation des systèmes de productions, localement. Il est convaincu que l’exportation du bétail sur pieds est une perte pour les éleveurs et les économies des trois pays.
Le débat a été animé par Moctar Hamadou du Studio Kalangou. Des reportages réalisés par les trois studios sur la question débattue a permis d’agrémenter les échanges.
L’intégralité du débat est à écouter l’ensemble des radios partenaires de…
Tiga Cheick Sawadogo