« Donnez un poisson à un homme, il mangera un jour. Apprenez-lui à pêcher, il mangera toute sa vie« . Des Burkinabè ont bien compris ce dicton. Mieux, ils n’attendent pas l’incertitude de la pêche. Ils élèvent le poisson pour la consommation. C’est la pisciculture en cages flottantes de Samandéni. Une opportunité à explorer.
Barrage de Samandéni, situé à une trentaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso. L’étendue d’eau à perte de vue est interrompue, par endroits, par des marques bleues. Ce sont des barriques faisant partie du dispositif pour la pisciculture en cages flottantes.
Le responsable de la section pisciculture du groupe Nema Agricoles du Faso (Nafaso), Ousséni Sana fait comprendre que : « (…) les barriques bleues, c’est pour que la cage flotte. Il y a un filet de 3,5 mètres qui se trouve dans l’eau. C’est la cage que vous voyez, qui est posée sur les bidons. Donc vous avez 5 mètres sur 4 avec une profondeur de 3 mètres. Donc, si vous prenez 5 fois 4, ça va faire 20 plus 3 mètres. Vous allez vous trouver avec 90 mètres cubes ou 75 mètres cubes. Et puis, il y a des filets ».
En d’autres termes, ce sont des fers soudés en rectangle et superposés sur les barriques bleues. Et sont accrochés aux fers, des filets, sans ouverture par le bas, immergés dans l’eau.

La pratique consiste à mettre des alevins dans chaque cage. Les nourrir jusqu’à ce qu’ils soient de gros poissons prêts à être consommés. Ousséni Sana précise que ce sont entre 15 000 et 20 000 petits poissons qui sont mis dans chaque cage et nourris pendant six mois.
Ces paramètres qui jouent sur le poisson
La pisciculture en cages flottantes est expérimentée par le Burkina dans le cadre de l’Offensive agropastorale et halieutique. Une technique qui, selon Ousséni, vise à « booster la production des poissons et diminuer les importations de poissons de moitié en deux ans », affirme le pisciculteur qui précise que le Burkina importe chaque année 200 000 tonnes de poissons.
Aussi, établit une différence entre la pisciculture dans un bassin et celle en cages flottantes. « La pisciculture en bassin impose de changer l’eau régulièrement. Alors que la pisciculture en cage flottante, ne pose pas de problème d’eau. Donc ça veut dire que l’eau se renouvelle de façon automatique », explique Ousséni.
Son propos est soutenu par l’agent technique d’élevage, Wendémi Kaboré, qui ajoute que la qualité de l’eau en cage flottante est meilleure qu’en bassin.
A lire aussi: Barrage hydroélectrique de Samandéni, l’espoir déchu
Ousséni Ouédraogo est le secrétaire général de la société coopérative simplifiée des pisciculteurs de Samandéni. Il confie que les difficultés autour de la pisciculture en cages flottantestournent autour de plusieurs points. Entre autres, la disponibilité de l‘aliment des poissons. A l’endroit des entrepreneurs en pisciculture, il prévient sur les moyens financiers nécessaires.
« (…) Une bonne cage installée, c’est autour de deux millions de F CFA. Cette cage a une capacité en alevins autour de 20 000. Si vous prenez l’alevin à 75 F CFA, ça fait 2 millions déjà. Pour mettre des alevins, ça fait 4 millions. Et maintenant, en termes d’aliments, il faut aller autour de 6 ou 8 tonnes. La tonne fait 750 000 F CFA », estime le pisciculteur qui évalue les dépenses autour de 10 millions.

A l’écouter, c’est une activité qui cherche ses marques. Quand les poissons arrivent à maturité, l’État organise la commercialisation. Cela a l’avantage, après environ un an d’activité, de faciliter l’écoulement des poissons tilapias, que les pisciculteurs de Samandéni déclarent bio.
A lire aussi: Pisciculture, l’ambition des jeunes pêcheurs de Douroula-Badala
Selon la direction générale des Ressources en eau, la consommation de poisson au Burkina Faso est de plus de 100 000 tonnes de poisson chaque année. La production domestique se chiffre à seulement 20 000 tonnes, soit 20 % des besoins nationaux. Pour combler le gap, le pays est obligé d’importer près de 60 000 tonnes de poisson par an.
Le secteur procure des emplois directs et des revenus à près de 12 000 personnes (pêcheurs et commerçants et transformatrices des produits de pêche). La même source indique que les principaux supports de production de poissons sont les barrages de Bagré (21 000 à 25 000 ha), de Kompienga (16 000 à 20 000 ha), du Sourou (10 000 ha), de Dourou/Toécé (8 000 ha) et de Ziga (7 000 à 10 000 ha).
Boureima Dembélé