Soutien aux élèves en difficulté à Ouagadougou : la pédagogie différenciée et le tutorat comme stratégies
Les élèves en classe de CE2 à l’école Paspanga C, en séance de travail. Photo: Studio Yafa.

Soutien aux élèves en difficulté à Ouagadougou : la pédagogie différenciée et le tutorat comme stratégies

Dans une classe, tous les élèves n’avancent pas au même rythme. Mais comment s’assurer que ceux qui peinent à suivre ne restent pas à la traine ? Afin de venir en aide aux élèves qui rencontrent des difficultés d’apprentissage, des stratégies telles que la pédagogie différenciée et le tutorat sont appliquées. C’est le cas de l’école Paspanga C à Ouagadougou, qui accompagne ses élèves en difficulté vers la réussite grâce à ces approches.

Dans la cour de l’école Paspanga C, située au quartier Paspanga de Ouagadougou, le cours de l’après-midi bat son plein. Les élèves sont organisés en groupes de travail dans les salles de classe. À 15h, les élèves de CE2 A, traitent leurs exercices sous l’œil attentif de leur enseignante. Pourtant, dans cette classe comme ailleurs, chaque enfant à sa propre fréquence d’apprentissage. Pour certains, suivre le rythme de la classe est un véritable casse-tête chinois.

Comprendre pour mieux traiter

Odette Noba, enseignante et directrice de l’école, identifie plusieurs obstacles. « Un élève qui a un faible rendement, c’est un élève qui n’arrive pas à restituer ce qu’on lui a appris », explique-t-elle. Manque de concentration ou difficulté à suivre les cours : les raisons varient en fonction des cas. Associer les élèves en difficulté à ceux qui excellent peut permettre d’y remédier.

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Les stratégies utilisées à Paspanga C reposent sur des approches comme le tutorat et la pédagogie différenciée. « On forme des groupes en associant le premier de la classe avec le dernier », détaille Odette Noba. Cette méthode, appelée tutorat, permet à un élève en difficulté d’être aidé par un autre élève qui s’en sort mieux que lui. Si un enfant ne veut pas travailler avec son chef de groupe, il peut choisir un camarade avec qui il se sent plus à l’aise.

Les exercices, un moyen pratique pour améliorer le niveau scolaire des élèves. Photo: Studio Yafa.

Fakihatou Saré, une élève en classe de CE2, malgré son jeune âge vient en aide à ses camarades. « On est en solidarité, comme la maîtresse nous l’a appris dans les leçons de morale », confie-t-elle.

Les cours à domicile comme appui aux cours reçu en classe

Le soutien ne se limite pas seulement à l’école. Les répétiteurs comme leur nom l’indique, sont les enseignants à domicile qui viennent en renfort aux élèves qui ont du mal à assimiler les cours dispensés à l’école. Dialla Lankoandé, un répétiteur, intervient à domicile. « La lecture est souvent le problème principal des élèves, surtout au primaire », note-t-il, avant de poursuivre que : « lorsqu’un élève a du mal à lire, il ne pourra traiter aucun exercice, que ce soit calcul, problème, étude de texte ».

Pour les cas plus compliqués, il n’hésite pas à employer plus de rigueur dans son travail : « Il y a des élèves pour qui, il faut vraiment la pression. Il ne faut pas trop le laisser, il va se comporter comme il veut, comme c’est à domicile. L’élève se sent à l’aise, il ne se sent pas coincé. Donc en ce moment il faut faire comme si les parents ne sont pas là. » explique-t-il. Avec patience, il adapte ses explications et exercices aux élèves qu’il encadre, tout en maintenant la rigueur nécessaire afin de les aider à progresser.

Une méthode inclusive pour des élèves vivant avec un handicap

Pour les élèves vivant avec un handicap, comme des troubles visuels, auditifs ou mentaux, des aménagements particuliers sont mis en place. « Pour certains types de handicaps on leur applique ce qu’on appelle le tiers-temps. Donc on divise le temps de l’évaluation en trois et on leur accorde un tiers de ce temps-là pour leur permettre de terminer leur devoir. », explique le pédagogue Pierre Zangré.

Lankoandé Dialla, encadreur d’élèves à domicile apporte sa contribution pour aider les élèves en difficulté

Les malvoyants eux, bénéficient de sujets en gros caractères pour leur permettre de mieux voir. « Il y a des enfants qui ne réussissent pas, non pas parce qu’ils ne sont pas intelligents, mais seulement parce que l’enseignant n’a pas pu, malheureusement, détecter les difficultés de l’élève », ajoute-t-il. Les approches mises en place sont centrées sur les besoins individuels, et visent à offrir aux enfants les mêmes chances de réussir en dépits des obstacles qu’ils rencontrent.

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À Paspanga C, comme ailleurs, l’éducation est un droit. Enseignants, répétiteurs, pédagogues et élèves unissent leurs forces pour venir en aide aux élèves qui ont des difficultés d’apprentissage. Les parents ont également un rôle important à jouer dans l’apprentissage de leurs enfants afin d’optimiser leurs rendements à l’école. Comme le disait Nelson Mandela : « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde ».

Amdiatou Zoma (stagiaire)