Au Burkina Faso, le métier de clown reste méconnu, mais certains passionnés s’efforcent de le faire vivre. Mieux encore, ils cherchent à élargir son champ d’action, notamment à travers un camp de vacances inédit. Durant cette initiative, des enfants âgés de 5 à 12 ans ont découvert l’art du clown et s’y sont initiés.
Sur une grande scène à l’espace culturel Jean-Pierre Guingané à Ouagadougou, une vingtaine d’enfants ! Tous avec un nez rouge, ils font la répétition d’une pièce de théâtre, sous le regard pédagogique de leur moniteur. A côté, des monitrices s’occupent de ceux qui ne sont pas sur scène. Des parents d’enfants observent ces entrainements, l’air fier.
L’artiste comédien et interprète, Brice Poda, le moniteur de ces nouveaux clowns, explique que ce sont les vacances culturelles et « nous sommes en train de donner un atelier de clown à des enfants ». A cette occasion d’apprentissage, il montre à ses élèves comment un clown marche, comment il parle, comment il réfléchit…
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Les apprenants, au nombre de 40, sont des enfants dont l’âge est compris entre 5 et 12 ans. Ils ont suivi l’atelier pendant trois semaines, à raison de deux heures dans la journée. Et à en croire le formateur, « l’importance pour un enfant d’apprendre le clown : ils s’amusent. C’est un apprentissage qui éveille les enfants. Nous travaillons sur des thèmes. On leur donne des thèmes et ils cherchent. Suite à cela, nous les aidons à parfaire. Le travail de recherche est très bénéfique pour eux ».

L’apprenti clown, Elsa Yansoni, 13 ans, dit s’être beaucoup amusée. « On s’amuse beaucoup ! J’ai aimé la formation sur le clown. On met le nez du clown. Sur scène on fait un rang et on joue des rôles », confie-t-elle, impatiente de reprendre sa place parmi ses camarades pour poursuivre. Un autre, Landry Yaka, du même âge, trouve également cette école des vacances intéressante. « J’ai beaucoup aimé. Malgré que c’est toi qui joues le rôle, ça te fait rire toi-même. Et ça fait plaisir de faire rire les autres. Ça apporte de la joie », se satisfait l’enfant clown, sourire aux lèvres.
La satisfaction des parents
Au regard de tout cela, l’objectif semble être atteint pour les parents qui, d’un coin, observaient la scène. Pour cette maman qui n’a pas voulu se présenter, il s’agit d’initier son enfant à la vie réelle. « Ce qu’ils ont appris, c’est ce qui se passe dans la vie réelle. Les enfants ont essayé d’imiter les clowns, c’est une belle initiative. Ça enseigne très bien ».

Pour cette autre maman qui a préféré garder l’anonymat « (…) c’est une activité saine pour occuper nos enfants. Vu qu’en général pendant les vacances, c’est la télévision, souvent on ne sait pas ce qu’ils regardent sur leur tablette… j’ai vu que c’était une opportunité pour les occuper sainement ». Pour le prix d’un, cette mère de famille a vu se résoudre un autre problème. « J’ai aussi remarqué que sa timidité a beaucoup baissé », fit-elle l’air enchantée, ajoutant que le fait de se frotter avec d’autres enfants est un point positif. « On leur apprend l’humour, je sens qu’ils se sont bien amusés. Je garde une belle expérience de ce camp », conclut la maman d’un enfant clown.
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Le second formateur, Philémon Zongo, comédien interprète, présente le clown comme un art qui fait partie de la comédie. « C’est un genre théâtral qui nous permet de replonger dans notre personnalité profonde qui est notre enfance », développe-t-il. Il insiste que le clown est un genre par lequel on peut facilement faire passer des messages forts, pas uniquement pour les enfants, mais aussi pour les adultes.
Quant à la perception que le commun des mortels a du clown, Philémon estime qu’« étrangement les gens y voient quand même de l’importance. En commençant, on croyait que les gens allaient nous voir comme de vrais clowns. Mais les gens ne se limitent pas au déguisement, à l’aspect clown, au maquillage, au nez rouge… Les gens arrivent à percevoir le message fort qui est derrière (…). », signale le formateur clown.
Boureima Dembélé