Depuis février 2025, la commune de Titao, dans la province du Lorum, enregistre un phénomène porteur d’espoir : le retour de ses habitants partis à cause de l’insécurité. Selon les chiffres communaux, plus de 6 600 personnes ont regagné leur localité d’origine entre février et juin. Après des mois, voire des années loin de chez eux, ces ex-déplacés internes s’efforcent de reconstruire leur vie, soutenus par les autorités locales et les populations résidentes.
Devant son petit restaurant, Adguétou Kagoné laisse échapper un soupir de soulagement. La jeune dame est revenue de Ouahigouya fin 2024, après quatre années passées loin de Titao. Comme beaucoup, elle avait dû fuir en raison de la dégradation sécuritaire.
« Quand j’étais à Ouahigouya, j’ai trouvé un emplacement devant une buvette où je vendais du poisson pour payer mon loyer. En 2024, nous avons décidé de revenir à Titao. Mais nous n’avons rien amené avec nous », raconte-t-elle.
Neuf mois après son retour, Adguétou a repris son commerce de poisson, malgré quelques difficultés pour se réinstaller. Elle souligne néanmoins le bon accueil des habitants restés sur place. « Tous ceux avec qui nous avions fui sont revenus aussi. On est redevenus comme avant », sourit-elle.
Des activités économiques relancées
Djiblourou Zango, lui aussi revenu depuis quelques mois, discute ce matin avec ses amis sous la paillote de la Maison des jeunes et de la Culture. Il se réjouit de constater que les opportunités économiques ne manquent pas.
« Ce qu’on trouvait à Ouagadougou ou à Ouahigouya, on le trouve aujourd’hui à Titao. Le commerce que nous menons est rentable, parfois même plus qu’avant la crise », explique-t-il.
Ces témoignages traduisent un climat de reprise progressive. Boutiques, petits marchés, services de restauration. L’économie locale se réactive au rythme des retours. Le président de la délégation spéciale, Sidiki Ganamé, se dit soulagé de voir la commune se repeupler. Pour lui, l’accueil des retournés doit être exemplaire afin de consolider la cohésion sociale.
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« Avec les autorités coutumières, nous multiplions les séances de sensibilisation sur l’importance du bon accueil à réserver aux retournés », explique-t-il, avant de demander aux habitants de garder la solidarité qui a toujours caractérisé Titao. « Il ne faut pas faire de différence entre ceux qui sont restés et ceux qui reviennent », insiste-t-il.
Une approche que partagent de nombreux résidents, comme Salimata Ouédraogo. Pour elle, ces retrouvailles sont un moment important.
« Nous sommes fiers d’accueillir nos frères et sœurs. Leur retour renforce notre vivre ensemble. Depuis quatre ans, on ne s’était pas vus à cause de l’insécurité. Aujourd’hui, il n’y a aucune raison de nous séparer, car nous sommes tous fils et filles du Lorum », confie-t-elle.
Des défis qui persistent
Malgré cet élan positif, les défis sont nombreux. Beaucoup de retournés sont arrivés les mains vides, sans ressources ni équipements pour relancer leurs activités. Les besoins en logement, en outils de travail et en soutien humanitaire restent importants.
Les autorités locales, en collaboration avec des partenaires humanitaires, travaillent à apporter des solutions durables. En termes d’accompagnement économique, soutien à l’agriculture, réhabilitation des infrastructures et sécurisation des zones.
Pour Adguétou Kagoné et les autres, le retour à Titao marque le début d’une nouvelle étape. Malgré les difficultés, ils gardent foi en l’avenir. « C’est ici que nous avons nos racines, notre histoire. Avec l’aide des uns et des autres, on va se relever », affirme-t-elle, avec conviction.
A Titao, les rires résonnent à nouveau dans les rues. Les marchés s’animent et les familles se retrouvent.