Des femmes en situation socio-économique difficile à Dédougou ont trouvé une formule. Se retrouver dans un groupement, louer des espaces pour cultiver pendant la saison des pluies. Les fruits de leur labeur sont partagés entre les membres du groupement. Au-delà des céréales produites, c’est leur survie qu’elles cultivent dans ces champs communautaires.
Dans le but de renforcer leurs moyens d’existence et de lutter contre l’insécurité alimentaire, des femmes, pour la plupart de situation socio-économique modeste, déplacées internes pour certaines, se sont réunies au sein d’un groupement dénommé Salaki (c’est la pluie qui fait l’abondance du mil, en langue locale mooré ). En saison des pluies, elles se retrouvent, empruntent ou cherchent à louer des champs et y font de l’agriculture. Une fois le champ loué ou emprunté, elles se retrouvent de 8 h à 16 h pour cultiver du maïs, du haricot et des arachides.
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En pantalon ou avec un pagne noué autour de la taille, daba en main, une vingtaine de femmes grattent le sol, en échangeant des mots, certaines entonnant des chansons pour plus d’entrain dans le travail. Le sol est dur, mais la motivation semble présente. Sous un arbre, les bicyclettes, des plats contenant le repas de midi et aussi des enfants endormis pendant que les mamans travaillent.

Germaine Tiendrébéogo, rencontrée dans le champ du groupement Salaki, au secteur 6, fournit des éclairages : « Le champ que nous sommes en train de cultiver fait trois hectares. C’est le champ de notre groupement, mais l’espace ne nous appartient pas. Nous cultivons le maïs, l’arachide et le haricot ». Elle ajoute que cette entreprise ne se passe pas sans difficulté pour certaines femmes.
Avoir de quoi manger pendant un certain temps
D’une soixantaine l’année passée, ce nombre a diminué. Elle explique que certaines ont quitté le groupement, « parce qu’elles n’ont pas à manger pour avoir la force de travailler et elles ont préféré quitter. Il y en a aussi, c’est le problème de moyens de déplacement qui fait qu’elles ne peuvent pas venir aux lieux de travail ».
Germaine explique que ce groupement est né dans l’objectif de réunir leurs forces face aux difficultés de la vie. « Ensemble on est plus fort », dit-elle, ajoutant qu’« en groupe on se parle, on se fait des confidences et nous sommes heureuses d’être ensemble ».
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Une autre, Okié Oulé, daba en main, confie qu’elles font ce travail pour faciliter la question de nourriture. A l’en croire, ce qu’elles vont avoir à la période de récolte arrivée peut leur permettre d’avoir de quoi manger pendant un certain temps.
L’autre avantage du groupement Saalaki, selon la mère de trois enfants, c’est le fait de travailler ensemble qui se révèle être un soutien psychologique.

« Se retrouver permet de soulager les soucis. Le fait de parler, d’avoir de la compagnie soulage les peines, surtout que la majeure partie sont des déplacées. Quand tu penses que ta situation de déplacée est compliquée, quand une autre t’explique pour elle, tu te rends compte que tu dois supporter », lâche-t-elle.
D’autres activités à la fin de la saison des pluies
D’une seule voix, les femmes du groupement Saalaki de Dédougou font comprendre que si elles se retrouvent pour les champs communautaires, après les récoltes, elles font du maraichage-culture et d’autres travaux qui peuvent leur assurer la pitance.
A ce titre, le directeur régional de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques de la Boucle du Mouhoun, Teghira Faïssal, assure que, s’il y a des activités à son niveau, « quels que soient les travaux de salubrité, elles nous appuient », précisant que l’institution dont il a la charge est au « (…) au courant de l’association et s’il y a des opportunités, nous n’hésitons pas à leur faire appel ».
Boureima Dembélé