Faso Mêbo: Une initiative, consolidatrice de la cohésion sociale au Burkina
Ces volontaires se sont fait des amis à l'occasion de leur participation à Faso Mêbo (Ph. MN)

Faso Mêbo: Une initiative, consolidatrice de la cohésion sociale au Burkina

Adoptée en Conseil des ministres en octobre 2024, l’initiative présidentielle Faso Mêbo vise à redonner un nouveau visage aux grandes villes du Burkina Faso. En plus du pavage, de l’aménagement des voiries urbaines, le projet est également devenu un lieu de rencontre, de brassage social, où travailleurs, ouvriers, citoyens de tous horizons se retrouvent, travaillent en toute harmonie et certains se font des « amis ».

À Faso Mêbo, l’ambiance n’est plus uniquement aux travaux. Au quotidien, des voix enthousiastes se mêlent aux cliquetis des machines pour ensemble bâtir la nation. Par jour, les dons de matériels affluent de tous horizons. Mais là où certains offrent des tonnes de ciment, de gravillons et autres…, d’autres donnent de leur temps. Dans une atmosphère chaleureuse, ils mélangent le ciment, poussent des brouettes, nettoient les moules avec les ouvriers du site.

Dès lors, les barrières tombent. Fonctionnaires, commerçants, étudiants, tous citoyens confondus se retrouvent avec le même objectif qui est d’accompagner l’initiative.

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Tel est le cas de Maël Jeremy Guiré et Faïssal Sawadogo, respectivement étudiant et élève. Le mardi 19 août 2025 marque leur premier jour sur le site de Faso Mêbo. Ils ne se connaissent pas, mais travaillent ensemble. Avec des pelles en main, ils mènent leurs tâches tout en échangeant. Grâce à Faso Mêbo, Maël dit avoir trouvé un nouvel ami.« Je suis venu le trouver, il travaillait. Après les salutations, je me suis joint à lui et c’est là que tout est parti », explique-t-il. Faïssal renchérit aussitôt. « Je ne connaissais même pas son nom. C’est le travail ici qui nous a rapprochés. On s’entraide entre nous, il y a de l’harmonie, de l’entente. C’est mon ami », lance-t-il.

Le chargé de projet à la CJP, Jean Baptiste Yanogo (Ph. MN)

Un peu plus loin, Josiane Ouali, enseignante, démoule des pavés aux côtés d’un groupe de personnes.« On a nettoyé les moules, maintenant on démoule les pavés ensemble. Je ne les connais pas personnellement, mais dès que je suis arrivée, j’ai demandé à les rejoindre. Ils n’ont pas hésité, ils m’ont tendu une éponge imbibée d’huile et m’ont fait une place pour m’asseoir », raconte-t-elle.Pour l’enseignante, ce simple geste a une grande valeur pour elle.

Faso Mêbo, un projet salué pour son impact social

« Ils sont sympas et accueillants. Très facilement je me suis intégrée, on riait même d’une blague ici tout en commentant », confie-t-elle.Pour elle, cette première aventure à Faso Mêbo ne sera pas la dernière, promettant d’y revenir dès qu’elle aura du temps.

L’ambiance est également portée par Rodrigue Ouédraogo qui se surnomme « Le Taquineur ». Celui qui pourrait passer pour un « dérangeur » anime le chantier avec ses plaisanteries.« J’aime beaucoup taquiner les gens. Au début, je pensais qu’on allait me chasser en me traitant de dérangeur. Mais non, ils trouvent mes blagues drôles et ça met de l’ambiance », explique-t-il avec un air amusé.Pour lui, toutes les personnes qu’il rencontre à Faso Mêbo deviennent automatiquement ses amis.« Même en circulation, si je croise l’un d’eux, je vais l’appeler et le saluer, car c’est mon ami. Je l’ai connu à Faso Mêbo », assure-t-il.

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Au-delà des avis des volontaires à Faso Mêbo, les acteurs engagés pour la cohésion sociale au Burkina, comme la Commission épiscopale Justice et Paix (CJP), trouvent en cette initiative une solution pour raffermir cette cohésion sociale, fragilisée avec la situation sécuritaire actuelle. Dans le pilotage de son projet“Action pour la mise en œuvre des politiques foncières et plaidoyer pour l’amélioration des politiques foncières au Burkina”,dans le cadre du projet FASOVEIL, la CJP voit dans l’initiative Faso Mêbo un projet positif, qui force l’admiration, la fierté et l’engagement.

Pour le chargé de projet à la CJP, Jean-Baptiste Yanogo, au-delà de l’assainissement et de l’embellissement des villes, il y a également l’effet essentiel qui est l’amélioration du bien-être de la population.

« Nous sommes tous conscients que le premier ingrédient pour gagner la lutte, c’est l’union, c’est la cohésion. C’est pourquoi nous souhaitons que “l’esprit” de cette initiative s’étende aux confins du Burkina et inspire d’autres projets en phase avec les réalités et les besoins des populations. Il y a d’autres initiatives présidentielles, mais nous espérons que l’esprit de Faso Mêbo les traverse également »,a-t-il déclaré.

Apprendre à construire ensemble est un ciment efficace pour la cohésion sociale

Pour consolider cette cohésion sociale, Jean-Baptiste Yanogo suggère que ces initiatives se développent dans les quartiers pour que tous puissent endiguer un tant soit peu l’individualisme.

« Que les citoyens puissent entreprendre d’autres initiatives, par exemple pour nettoyer ensemble, ou même pour créer des cadres d’apprentissage ou de loisir aux enfants du quartier, à partir des ressources humaines et matérielles du quartier. Apprendre à construire ensemble est un ciment efficace pour la cohésion sociale et donc pour vaincre l’ennemi », a-t-il conclu.

Studio Yafa/MoussoNews