Assétou, la femme qui se soucie des épouses et des mères en situation difficile à Dédougou
Assétou Kafando a pratiquement réussi à se faire une source de revenus (Ph. Studio Yafa)

Assétou, la femme qui se soucie des épouses et des mères en situation difficile à Dédougou

 Evoluant dans l’élevage, l’agriculture et la transformation, Assétou Kafando a pratiquement réussi à se faire une source de revenus. Femme au foyer, elle partage ses connaissances avec d’autres femmes qui, elle imagine, ont la même réalité que beaucoup connaissent dans la vie d’épouse et de mère.

« (…) toutes les choses dans le foyer, c’est pour les femmes. C’est les femmes qui souffrent ». C’est à partir de ce constat que Koutou Assétou Kafando a choisi d’orienter ses actions de formation et d’aide envers les femmes.  Depuis, non seulement des femmes, mais plus les déplacées internes, bénéficient de formation en agriculture et en élevage. Ainsi, au bout d’un temps, pas forcément limité, elles reçoivent de la compétence en embouche bovine, maraicher-culture, fabrication de compost, biodigesteur…

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Assétou raconte qu’elle est née dans une famille qui évoluait dans les activités qu’elle mène de nos jours.  Une fois mariée et avec les réalités de foyer qui ont été les siennes, elle a vite compris qu’il faut chercher son autonomie financière. Petit à petit, son activité grandit et elle est en mesure d’écouler « (…) par an, c’est 60 taureaux et 60 béliers », à partir de l’embouche.

Bine plus qu’un cheptel, ces animaux sont l’espoir de nombreuses femmes (Ph. Studio Yafa)

Et grâce à cette activité, elle « (…) accompagne les enfants, et même les petits-fils ». Ayant réussi à se faire une certaine sécurité financière, elle a mis en place un système afin que d’autres femmes aient les mêmes chances. Selon ses dires, elle a formé environ 600 femmes en agroécologie, par exemple. D’autres ont été formées dans les autres domaines.

 » (…)nous n’avons pas les moyens de nous lancer… »

Abibou Konkobo est déplacée interne venue de Labarani, une localité située à quelques encablures de Nounaet résidant désormais à Dédougou. «C’est à cause de la situation sécuritaire qu’on s’est retrouvés ici », fait-elle savoir. Aussi, elle confie avoir fait des formations, pour la fabrication du compost, la transformation agroalimentaire, l’embouche bovine, le jardinage, …

« Tout ce que nous avons appris nous est vraiment utile. Mais nous n’avons pas les moyens de nous lancer. Mais c’est avec ce qu’on gagne dans ça qu’on arrive à nourrir et scolariser nos enfants et à soutenir nos maris », se réjouit-elle, sans oublier d’évoquer ses difficultés.

« C’est surtout dans le foyer que j’ai vu l’utilité de ce travail« 

Adjaratou Kafando, elle, n’est pas déplacée interne, mais partage avec les autres une même réalité de femme au foyer, dont les conditions de vie ne sont pas très reluisantes. Ayant appris avec sa mère, Assétou, elle s’y est lancée bien plus tard quand elle s’est mariée.

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« Je suis née trouver que ma mère fait ce travail. Et en grandissant, j’ai appris avec elle. J’étais à l’école, mais je ne suis pas allée loin, alors je me suis lancée dans ces activités. C’est ce que je fais comme activité de nos jours », confie la jeune dame. Elle s’empresse d’avouer : « C’est surtout dans le foyer que j’ai vu l’utilité de ce travail. Pour la nourriture, le savon, les habits, la scolarité des enfants. Et ça m’est très bénéfique. Ça me permet de gérer certaines difficultés de mon foyer ».

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Mais ces dames à l’unisson dénoncent la difficulté d’avoir accès à la terre pour leurs activités agricoles. Aussi, la situation sécuritaire est pointée du doigt : « L’insécurité a beaucoup bouleversé nos activités. Tu peux aller acheter du bétail volé. On peut aussi voler pour toi, comme on peut voler et venir te vendre aussi. Et tu peux même emboucher et ne pas avoir le marché. Tout ça, c’est des soucis », se désole Assétou. Parmi les difficultés, elle évoque aussi le prix du tourteau qui est passé de 4500 à 15 000 F CFA.

Boureima DEMBELE