Pendant la saison des pluies, il y a des inondations dans certains quartiers à Dédougou. Les populations pointent du doigt les canalisations des eaux de pluie, qui selon elles, ne sont pas assez grandes pour drainer toute l’eau. La Délégation spéciale, quant à elle, accuse ces mêmes populations qui bouchent les caniveaux. En attendant, la réalité est là, implacable, Dédougou a les pieds dans l’eau à chaque grande pluie.
Certains quartiers de Dédougou, dans la région des Banwa, ont les pieds dans l’eau durant les mois de juillet, août et septembre, période de fortes précipitations. Chaque année, les pluies diluviennes provoquent des inondations qui touchent de nombreuses concessions et causent d’importants dégâts matériels.
A lire aussi: Pâ/Inondations sur la RN1: le malheur des 569 sinistrés de Hèrèdougou
C’est ainsi que par un jour de pluie, il est 11h au secteur 6 de Dédougou. Sous une pluie battante, Seni Kaboré, la trentaine révolue, s’affaire avec une pelle. Il tente de dégager un passage pour les eaux stagnantes qui ont envahi sa cour. Pour ce père de famille, le problème vient en partie des caniveaux trop étroits ou mal conçus.

«Quand il pleut, l’eau ne coule pas. Ici c’est une pente, donc l’eau reste. Après chaque grande pluie on est obligés de chercher une charrette pour ramasser les ordures et déchets laissés par l’eau. Dans notre quartier l’eau stagne dans plusieurs coins parce qu’il y a beaucoup d’herbes aussi. Si vous allez un peu devant, vous verrez qu’il y a beaucoup d’eau. Si les caniveaux étaient larges ou profondes plus que ce qu’on a, ça pouvait nous aider », se plaint cet habitant.
« Certaines pratiques des populations aggravent la situation »
À quelques mètres de là, au secteur 1, c’est la même réalité. Sylveste Dayo a réussi à contenir l’eau devant sa cour. Trempé dans son boubou, il pointe du doigt les caniveaux bouchés, responsables selon lui de la majorité des inondations. « Quand tu regardes Dédougou vraiment, il y a certains secteurs où il y a des inondations parce qu’il y a un manque de caniveau. Puisque le passage de l’eau, c’est comme si ça suit une direction. Arrivé à un certain moment, quand tu vois que les caniveaux sont bouchés, l’eau force à trouver son chemin lui-même. Donc, ça force, et ça fait qu’il y a des inondations. Après, une forte pluie ici là-même, on ne peut pas passer. Dans notre quartier, on peut voir qu’il y a un grand trou là-bas. L’eau, ça quitte différents points et ça vient s’accumuler là-bas . Ensuite, ça part vers le Bukaruku, au niveau du secteur 6. Mais à part ça, quand l’eau redescend comme ça, il n’y a pas de caniveau là-bas. Ça fait des dégâts ».
En général, les causes des inondations sont multiples. Mais pour le président de la délégation spéciale de Dédougou, Dieudonné Tougfo, certaines pratiques des populations aggravent la situation. Il explique que les gens percent leur mur, font des déversoirs, de l’eau, des saletés. Il dénonce le fait que les ordures ménagères sont jetées ça. « Si ces déchets sont collectés et acheminés là où il se doit, ça ne va pas se stocker pour boucher les voies de passage d’eau », explique-t-il.
A lire aussi: Burkina-Mali-Niger : des solutions depuis Maradi pour faire face aux cycles d’inondations
Comme solution, le premier responsable de la commune estime qu’il faut accentuer la sensibilisation, mais aussi la répression. Il estime qu’il faut aussi continuer le curage des caniveaux comme cela se fait. Par ailleurs, Dieudonné trouve qu’il ne faut pas donner des autorisations de construction ou bien des actes de cession sur des sites inondables.
Les mesures évoquées par le président de la Délégation spéciale sont préventives. Mais au cas où des inondations surviennent tout de même, des mécanismes d’assistance existent pour venir en aide aux sinistrés. Aussi, il fait savoir qu’en cas d’inondations, les populations sinistrées peuvent se faire enregistrer au niveau du Comité départemental de secours d’urgence qui à travers la CONASUR apportera des aides.
Boureima DEMBELE